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ports nouvellement découverts, deux petites caravelles et deux brigantins ; les caravelles, pour aller à la découverte, les brigantins pour reconnaître la côte. Dans ce but, j’ai envoyé une personne de marque, avec quarante Espagnols, manœuvres, charpentiers, scieurs de long, marins et forgerons ; j’ai fait envoyer de la Veracruz, des clous, des ferrures, des voiles et tous autres objets nécessaires à la construction de ces navires, et l’on fera toute diligence pour les achever et en opérer le lancement ; ce qui sera, j’ose l’assurer à Votre Majesté, un des événements les plus importants depuis la découverte des Indes.

Lorsque je me trouvais à Tezcoco, avant d’entreprendre le siège de Mexico, tout occupé d’en préparer les moyens, et loin de soupçonner qu’on pût tramer quelques complots contre ma personne, je fus averti que les amis de Diego Velazquez, qui se trouvaient en ma compagnie, avaient juré de me tuer et avaient déjà choisi leur capitaine, l’alcade, le grand alguazil et leurs autres officiers. Il fallait étouffer cette affaire aussitôt que possible, car outre le scandale qui en rejaillirait sur ma personne, il était clair que pas un Espagnol n’eût échappé vivant à la suite d’un tel complot. Partout les Indiens se seraient révoltés, et nous n’eussions pas seulement eu affaire à nos ennemis, nos alliés eux-mêmes eussent été les premiers à nous attaquer. À la découverte d’une aussi grande trahison, je remerciai Dieu qui est notre recours en toutes choses. Je fis saisir le principal conjuré qui avoua immédiatement avoir, en participation de telles personnes qu’il me nomma, conspiré contre ma vie, pour s’emparer du gouvernement en faveur du Diego Velazquez ; qu’il avait en effet nommé un capitaine, un alcade et qu’il était lui-même le grand alguazil chargé de s’emparer de ma personne et de me tuer. Il comptait un grand nombre de complices, dont il avait la liste, liste que l’on trouva déchirée dans la chambre. La conjuration n’avait point été organisée à Tezcoco, mais remontait à notre séjour à Tepeaca où il en avait jeté les bases.

Après la confession de ce malheureux, qui se nommait Antonio de Villafaña, natif de Zamora, confession qu’il renouvela, l’alcade et moi le condamnâmes à mort et il fut exécuté.