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pacification de ces provinces ; quand, dix à douze jours plus tard, la cour de justice et le conseil municipal de la Veracruz m’écrivirent que Tapia avait exhibé les pouvoirs de Votre Majesté et la nomination de ses gouverneurs ; qu’ils s’étaient inclinés avec tout le respect qu’ils devaient ; quant à leur accomplissement, ils avaient répondu que la majorité du conseil municipal étant de mes amis, et s’étant trouvés pour la plupart au siège de Mexico, en ma compagnie, ils feraient ce qui serait le plus avantageux pour le service de Votre Majesté, et le bien de ce pays ; que cette réponse avait indisposé Tapia et qu’il avait tenté des choses ridicules. Cette affaire me tenant fort à cœur, je répondis à mes gens de n’avoir égard qu’au service de Votre Majesté, de faire ce qu’ils pourraient pour contenter le sieur Tapia et d’éviter toute difficulté ; que du reste j’étais en route pour m’entendre avec le commissaire général et me conformer aux ordres de Votre Majesté.

J’étais donc en partance pour la Veracruz après avoir arrêté le départ de mes troupes pour le Panuco, parce que, m’absentant de Mexico, il me fallait y laisser une forte garnison, quand les membres du conseil de cette Nouvelle-Espagne vinrent s’opposer à mon départ, disant que cette province de Mexico n’étant conquise et pacifiée que depuis peu, ne manquerait point de se révolter pendant mon absence, d’où il s’en pourrait suivre de grands dommages pour Votre Majesté et de grands troubles dans le pays. Dans leur protestation, ils apportaient une foule de causes et de raisons pour me convaincre : disant qu’il était intempestif pour moi d’abandonner la ville en ce moment ; ils ajoutaient qu’ils iraient eux-mêmes, munis de pouvoirs, trouver Tapia à la Veracruz ; qu’ils examineraient les mandats de Votre Majesté et se conformeraient pour le mieux aux ordres de Votre Altesse. Cette combinaison me paraissant la plus pratique, je remis à nos procureurs une lettre pour Tapia, lui racontant ce qui s’était passé et lui disant que j’envoyais mes pouvoirs à Gonzalo de Sandoval, grand alguazil, à Diego de Soto et à Diego de Valdenebro qui se trouvaient à la Veracruz, pour qu’en mon nom et conjointement avec les membres du conseil municipal de la ville et ceux des villages environnants, tous gens de bien, ils les