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navire dans lequel venait Cristobal de Tapia, commissaire général des colonies de la Nouvelle-Espagne, de qui je reçus une lettre le jour suivant, dans laquelle il me faisait savoir qu’il était chargé par mandat de Votre Majesté de prendre en main le gouvernement de la colonie, qu’il avait ses pouvoirs et qu’il ne les exhiberait qu’en ma présence. Il désirait que ce fût le plus tôt possible ; mais ses chevaux étant fatigués par la traversée, il ne s’était pas encore mis en route. Il me priait donc de décider s’il devait venir à Mexico, ou si je voulais le rejoindre à la côte.

Au reçu de cette lettre, je lui répondis que je me réjouissais de sa venue ; qu’il ne pouvait m’être envoyé une personne chargée par Sa Majesté de gouverner ces contrées dont j’éprouvasse une plus grande satisfaction, tant pour l’estime que nous avions l’un pour l’autre que pour l’amitié qui nous avait unis, comme habitants et voisins dans l’île Espagnola. J’ajoutais que la pacification de ces provinces n’était pas assez complète pour qu’on ne pût craindre, à la première occasion, quelques mouvements chez les Indiens ; que je priais le père Pedro Melgarejo de Urrea, aumônier de l’expédition, qui avait partagé tous nos travaux, et connaissait à fond l’état des choses, qui avait bien mérité de Sa Majesté par son dévouement et de chacun de nous par ses conseils et sa prédication, de se rendre auprès de Tapia, de lui demander les pouvoirs de Votre Majesté, et qu’étant de ceux qui connaissaient le mieux ce qui convenait à votre royal service et au bien de ces contrées, il se conduisît avec Tapia, comme il le jugerait convenable, sachant que je ne pourrais qu’approuver ce qu’il aurait fait. Je lui fis ces recommandations sur lesquelles j’appuyai fort, en présence du trésorier de Votre Majesté.

Il partit pour la Veracruz où se trouvait Tapia ; et pour que, soit à la ville, soit toute autre part, où l’on rencontrerait le commissaire général, on lui fit l’accueil le plus gracieux, j’adjoignis au révérend père deux ou trois personnages distingués de mon entourage. Ils se mirent en route et j’attendis leur réponse.

Entre temps, je m’occupai de mon expédition à la côte et d’affaires diverses touchant au service de Votre Majesté et à la