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toutes ces affaires et me fit savoir que la terre y était fertile, le sol riche en mines, et il me fit parvenir un singulier échantillon d’or, que j’envoie à Votre Majesté. Puis, il resta dans la province pour y faire ce que je lui ordonnerai.

Ayant donné les ordres touchant ces deux conquêtes où tout se passait le mieux du monde ; ayant déjà peuplé trois villes d’Espagnols et en ayant à Culuacan une foule à ma disposition, nous cherchâmes en quelle partie des bords de la lagune nous pourrions jeter les fondements d’une ville qui assurât la paix et la tranquillité du pays. Et en voyant détruite cette ville de Mexico, si belle, si grande et si célèbre dans ce nouveau monde, il nous parut bien de la repeupler.

Je répartis donc les emplacements à ceux qui désirèrent l’habiter ; je nommai les alcades et les corrégidors selon la coutume de vos royaumes, et en attendant que les maisons se bâtissent, nous continuâmes de résider dans la ville de Culuacan. Depuis quatre ou cinq mois qu’on s’occupe des constructions de la ville de Mexico, elle prend fort belle tournure : je puis assurer Votre Majesté, que chaque jour elle devient plus magnifique, et que, si dans le passé elle fut la reine de ces provinces, elle le sera de même dans l’avenir. Les constructions se font de telle sorte, que les Espagnols s’y trouvèrent en toute sûreté et parfaitement à l’abri des attaques des Indiens.

Sur ces entrefaites, le cacique de Tehuantepec qui se trouve sur la mer du sud, où la découvrirent mes Espagnols, m’envoya plusieurs de ses principaux officiers pour me dire qu’il se déclarait sujet de Votre Majesté ; il m’envoyait en même temps un présent de bijoux, de pièces d’or et d’étoffes de plume, que je remis au trésorier de Votre Majesté ; je remerciai fort ces personnages, leur fis à mon tour présent de certaines choses d’Espagne et les renvoyai très satisfaits.

Les deux Espagnols que j’avais envoyés dans le Michoacan revinrent à cette époque ; les messagers du roi m’avaient dit que par là, on pouvait aussi arriver à la mer du sud, mais en traversant les terres de l’un de ses ennemis ; les Espagnols me ramenaient un frère du roi de Michoacan accompagné de grands seigneurs et d’un cortège de plus de mille personnes ; je les