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pouvaient en certains endroits aborder à la chaussée même, il avait couru moins de danger que les jours passés. De ce côté d’Alvarado, il y avait beaucoup plus de ponts et de tranchées mais moins de maisons à plates-formes que sur les autres chaussées. Pendant tout ce temps-là les Indiens d’Istapalapa, Churubusco, Mexicalcingo, Culuacan et Mizquic qui habitent, je l’ai dit, la lagune d’eau douce, n’avaient point voulu faire leur soumission, mais ne nous avaient pourtant fait aucun mal. Les gens de Chalco qui étaient de fidèles sujets de Votre Majesté, voyant que nous avions suffisamment à faire avec les Indiens de la grande ville, s’allièrent avec quelques populations voisines et tombèrent sur les villes de la lagune auxquelles ils firent beaucoup de mal. Les habitants de celles-ci, voyant que chaque jour, nous remportions une victoire sur les gens de Mexico, soutirant du dommage que leur causaient nos amis et redoutant celui qu’ils pourraient leur faire, se résolurent à venir me trouver, pour me demander pardon du passé, me priant d’ordonner aux Indiens de Chalco de ne plus leur faire la guerre.

Je leur promis le pardon et leur dis que je n’avais d’inimitié que contre les Mexicains ; que pour que je crusse à leur amitié (étant bien résolu à m’emparer de la ville de Mexico, de gré ou de force), il fallait qu’ils missent à ma disposition toutes leurs canoas, qu’ils les tinssent donc prêtes avec tous les hommes de guerre qu’ils pourraient réunir, pour dorénavant combattre sur les lagunes à nos côtés. Je leur demandai en même temps, mes hommes n’ayant que de misérables cabanes, ce dont ils souffraient doublement à cause de la saison des pluies, je leur demandai de construire dans nos quartiers autant de maisons qu’ils pourraient, d’apporter des briques et du bois des maisons de leur ville qui se trouvaient le plus près de mon camp. Ils me répondirent que canoas et guerriers étaient prêts, et quant aux maisons ils se mirent avec une telle ardeur, que d’un côté à l’autre des deux pyramides de la chaussée où nous étions campés, ils en construisirent une telle quantité, que de la première à la dernière, la distance était de quatre portées d’arbalète. Votre Majesté se rendra compte de la largeur de la chaussée qui traverse la partie la plus profonde de la lagune, quand je lui dirai