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leurs côtés ils attaquassent les Mexicains le même jour, comptant pour ma part pénétrer chez eux le plus loin que je pourrais. Nous sortîmes donc de nos quartiers de bonne heure, et suivîmes à pied la chaussée, où nous trouvâmes les ennemis derrière une tranchée large et profonde d’une longueur de lance ; ils y avaient élevé une barricade sur laquelle nous nous élançâmes avec ardeur et que nous finîmes par emporter. De là nous suivîmes la chaussée jusqu’à l’entrée de la ville, où se trouvait un temple précédé d’un pont fort large, dont on avait enlevé le tablier. Ce grand canal était également défendu par une forte barricade, aux abords de laquelle le combat s’engagea. Comme les brigantins nous assistaient de chaque côté de la chaussée, nous n’eûmes pas grand’peine à occuper cette barricade, ce qui eût été impossible sans leur assistance. Lorsque les Mexicains abandonnèrent la barricade, les gens des brigantins mirent pied à terre, et nous autres, passâmes la tranchée à la nage ainsi que les Indiens de Tlascala, Guajocingo, Chalco et Tezcoco qui étaient plus de quatre-vingt mille hommes. Pendant que nos alliés comblaient la tranchée, nous autres Espagnols nous emparâmes d’une autre barricade qui était dans la rue principale et la plus large de la ville. Comme cette rue était de terre ferme il nous fut facile de l’occuper, et nous poursuivîmes les Mexicains jusqu’à un autre pont qui n’avait plus qu’une planche sur laquelle ils passèrent. Une fois passés, ils l’enlevèrent pour se réfugier derrière une autre barricade de briques et de terre. Arrivés là, nous ne pouvions passer sans nous jeter à l’eau, ce qui était fort dangereux, les défenseurs se battant avec rage ; de plus, de chaque côté de la rue sur les terrasses des maisons, se trouvaient une multitude d’Indiens qui nous couvraient de projectiles. Cependant arrivèrent les arquebusiers et les arbalétriers qui, appuyés par une pièce de gros calibre, infligeaient aux ennemis des pertes énormes. Certains Espagnols en profitèrent pour passer la tranchée à la nage : ce que voyant, les Mexicains abandonnèrent la barricade et les plates-formes des maisons et s’enfuirent ; alors, nous passâmes tous. Je fis tout de suite aveugler la tranchée et détruire la barricade ; pendant ce temps, les Espagnols et nos alliés indiens