Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lesquelles nous eûmes quelques blessés, mais dans lesquelles les ennemis perdirent un grand nombre des leurs ; nous leur gagnâmes en même temps plusieurs ponts, il y eut harangues, insultes et défis entre les Mexicains et les Tlascaltecs qui nous offrirent un spectacle des plus intéressants. Le capitaine Cristobal de Oli qui devait avec sa troupe occuper la ville de Culuacan, à deux lieues de Tacuba, partit pour rejoindre son poste, tandis que Pedro de Alvarado restait à Tacuba où il avait chaque jour des escarmouches et des combats à soutenir contre les Indiens de Mexico. Oli arriva à Culuacan le jour même de son départ vers les dix heures ; il trouva la ville abandonnée et s’installa dans les palais du cacique. Le lendemain matin, il alla jeter un coup d’œil sur la chaussée qui conduit à Mexico ; il emmenait une vingtaine de chevaux et quelques arbalétriers avec six ou sept mille Tlascaltecs : ils trouvèrent les ennemis prêts à les recevoir ; ils avaient élevé des barricades, détruit la chaussée, enlevé les ponts ; on se battit, les arbalétriers leur tuèrent plusieurs hommes, et ce fut pendant six jours une suite de rencontres et d’escarmouches.

Une nuit, vers minuit, une sentinelle de la ville vint pousser des cris près du campement ; les sentinelles espagnoles répondirent par un appel aux armes, les hommes sortirent et ne trouvèrent personne, car les cris qui venaient de très loin leur avaient causé quelque frayeur. Comme nos hommes étaient divisés en tant de partis, ceux des deux garnisons considéraient mon arrivée avec les brigantins comme une sauvegarde : ils m’attendirent quelques jours et j’arrivai enfin comme je le dirai plus loin. Pendant ces six jours, les troupes de Tacuba et de Culuacan se réunissaient souvent, la cavalerie poussant des pointes de tous les côtés et transperçant de ses lances une foule d’ennemis ; ils allaient dans la montagne amasser du maïs pour leurs approvisionnements ; c’est avec le maïs qu’on fait le pain dans ce pays et ce maïs est bien supérieur à celui des îles.

Dans le chapitre précédent, j’ai dit que je comptais rester à Tezcoco avec trois cents hommes et les treize brigantins jusqu’à ce que j’apprisse que les garnisons avaient occupé leurs lieux