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consommés et des plus adroits. De telle sorte que chaque brigantin portait vingt-cinq Espagnols, son capitaine, son pilote et six arquebusiers et arbalétriers.

Mes ordres donnés, les deux capitaines qui devaient occuper avec leurs hommes les villes de Tacuba et de Culuacan, ayant reçu mes instructions, partirent de Tezcoco le 10 mai et furent dormir à deux lieues de là, dans un joli village appelé Oculman. J’appris, ce jour-là, qu’il y avait eu au sujet des logements quelques contestations entre ces capitaines, je m’en occupai immédiatement et j’envoyai l’un des miens qui les réconcilia. Le lendemain de bonne heure ils allèrent camper dans un autre village appelé Xilotepec qu’ils trouvèrent abandonné, car c’était territoire ennemi. Le jour suivant, ils continuèrent leur chemin jusqu’à la ville de Cuaulitlan dont j’ai parlé à Votre Majesté. Elle était également déserte. Ils traversèrent plus loin deux villages qu’ils trouvèrent encore abandonnés, et sur l’heure de vêpres ils entrèrent à Tacuba. La ville était déserte ; mes hommes s’établirent dans les palais du roi qui sont beaux et très grands. Quoiqu’il fût tard, les Tlascaltecs poussèrent une pointe à l’entrée des chaussées de Mexico et pendant deux heures se battirent fort galamment avec les Mexicains. La nuit survint et ils rentrèrent à Tacuba.

Le lendemain, de bonne heure, les deux capitaines s’entendirent comme je leur avais ordonné, pour aller détruire la canalisation qui conduisait l’eau douce à Mexico. L’un d’eux, suivi de vingt chevaux, de quelques arquebusiers et arbalétriers, s’en fut à la source de cette fontaine qui se trouvait à un quart de lieue de Tacuba et coupa et brisa la conduite d’eau qui était faite de bois et de maçonnerie, et eut à lutter contre les Mexicains qui l’attaquaient par terre et par eau. Il les mit en déroute et remplit le but de l’expédition qui était d’enlever l’eau douce à la ville, ce qui fut une grande privation.

Ce même jour, les capitaines firent réparer quelques mauvais pas sur les routes, les ponts et les canaux, pour que les chevaux pussent se transporter plus facilement d’un endroit à un autre. Ce travail dura trois jours, pendant lesquels il y eut de nombreuses rencontres entre les deux partis, rencontres dans