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douze pieds de haut sur douze de large et elle était armée, tout le long, de planches et d’estacades, de sorte que mes navires se pouvaient conduire sans fatigue et sans danger jusqu’à la lagune, chose digne d’être vue, je vous assure.

Les brigantins terminés flottèrent dans le canal le 28 avril 1521 ; je fis alors une revue générale de mes forces et je trouvai quatre-vingt-six chevaux, cent dix-huit arquebusiers et arbalétriers, sept cents fantassins armés d’épées et de boucliers, trois gros canons de fer, quinze petites pièces de bronze et dix quintaux de poudre. Au cours de cette revue, je recommandai à tous mes hommes de bien se pénétrer des ordonnances que j’avais publiées pour tout ce qui avait trait à la guerre, de s’y conformer à la lettre et qu’ils se réjouissent et reprissent courage, car ils devaient voir que Notre Seigneur nous conduisait à la victoire.

Ne savaient-ils pas qu’à notre arrivée à Tezcoco, nous n’avions avec nous que quarante cavaliers ; que Dieu nous avait secourus au delà de nos espérances et qu’il était venu des navires nous amenant des cavaliers et les hommes d’armes qui étaient au milieu de nous ? Cela et la conviction que nous avions tous de combattre pour la propagation de notre foi, et pour amener au service de Votre Majesté tant de provinces, devaient élever leurs âmes et les décider à vaincre ou à mourir. Tous me répondirent qu’ils y étaient résolus. Nous passâmes ce jour de revue dans l’allégresse, désireux de commencer ce siège et d’en finir avec cette guerre, dont dépendait la paix ou la désorganisation de tout le pays.

Le lendemain, j’envoyai des courriers à Tlascala, Guajocingo et Cholula pour annoncer que mes brigantins étaient terminés, et que moi et mes gens étions prêts à commencer le siège de la grande ville de Mexico. Je priais donc les chefs de ces trois républiques de mettre sur pied le plus de leurs guerriers qu’elles pourraient et de me les envoyer à Tezcoco, où je les attendrais pendant dix jours, et qu’ils ne tardassent pas davantage, car cela dérangerait tous mes plans. Mes courriers à leur arriver trouvèrent les gens des trois provinces prêts à partir et fort désireux de se mesurer avec les Mexicains. Les Indiens de Guajocingo et de Cholula vinrent à Chalco d’après mes ordres,