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Ces enfants du cacique de Chalco et les personnes qui les accompagnaient restèrent un jour près de moi et me prièrent qu’à leur retour je les fisse accompagner. Gonzalo de Sandoval avec une troupe de cavaliers et de fantassins partit avec eux. Il devait, après les avoir remis chez eux, se rendre à Tlascala pour m’en ramener quelques Espagnols et ce Don Fernando, frère de Cacamazin, dont j’ai parlé plus haut. Au bout de quatre ou cinq jours le grand alguazil était de retour m’amenant les Espagnols et Don Fernando. J’appris bientôt qu’étant frère des seigneurs de cette ville, le trône lui appartenait quoiqu’il eût d’autres frères. Or, la province n’ayant plus de chef depuis la fuite de Guanacazin à Mexico, pour cette raison et d’autres encore et parce qu’il était ami des chrétiens, je fis nommer Don Fernando roi de Tezcoco, au nom de Votre Majesté. Les habitants quoique peu nombreux l’acclamèrent et lui obéirent ; les absents et les fuyards commençaient à regagner leurs demeures et la ville fut bientôt repeuplée.

Deux jours après cette cérémonie, les seigneurs de Coatlinchan et de Huexotla vinrent me trouver pour me dire qu’ils savaient de source certaine que toutes les forces des Mexicains devaient m’attaquer ; et ils me demandèrent s’il leur fallait emmener leurs femmes et leurs enfants dans la montagne ou les placer sous ma sauvegarde et me les amener, parce qu’ils avaient une grande peur. Je relevai leur courage, disant qu’ils n’avaient rien à craindre, et leur conseillai de regagner leurs maisons et de se tenir tranquilles ; que, pour moi, je ne désirais rien tant que de me rencontrer avec les Mexicains ; qu’ils fissent donc bonne garde au moyen d’espions et de sentinelles et m’avertissent à temps de l’arrivée des ennemis. Ils partirent, prenant fort à cœur les choses que je leur avais recommandées ; le soir, je réunis mes gens, j’établis des gardes et des sentinelles et nous passâmes la nuit sans dormir. Nous attendîmes encore le jour suivant, croyant ce que nous avaient dit les gens de Huexotla et de Coatlinchan ; plus tard, je sus que divers partis de Mexicains poussaient des pointes, espérant surprendre nos Tlascaltecs qui allaient et venaient pour les besoins du service. J’appris qu’ils s’étaient alliés avec les Indiens de deux