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mes hommes en sûreté, Gonzalo de Sandoval poursuivit sa route jusqu’à Chalco tout près de là ; le lendemain de bonne heure, de nombreux Mexicains s’avancèrent pour l’attaquer. Les deux troupes se trouvant en face l’une de l’autre, les nôtres se jetèrent sur l’ennemi et dispersèrent deux bataillons avec une charge de cavalerie, de manière qu’en peu d’instants ils nous abandonnèrent le champ de bataille en y laissant une foule de morts. Cette action nettoya la route, les habitants de Chalco vinrent au-devant des Espagnols et nous nous réjouîmes mutuellement de notre victoire. Des notables habitants demandèrent à me voir et s’en vinrent passer la nuit à Tezcoco. Le lendemain ils se présentèrent devant moi avec les deux fils de leur cacique qui m’offrirent trois cents piastres d’or en lingots, me disant que leur père était mort et qu’avant de mourir il leur avait avoué que sa plus grande douleur, avant de quitter ce monde, était de ne point m’avoir vu et qu’il m’avait attendu bien longtemps. Il leur avait ordonné de venir me trouver aussitôt que je serais dans leur pays et qu’ils me tinssent pour leur père. Aussitôt qu’ils apprirent ma venue à Tezcoco ils auraient bien voulu venir à moi, mais la crainte des gens de Culua les en avait empêchés. Ils n’auraient même pas osé venir, si mon capitaine n’était pas allé chez eux, et ils demandaient que je voulusse bien leur donner la même escorte, lorsqu’ils s’en retourneraient ; ils me dirent encore, que jamais, temps de paix ou temps de guerre, ils n’avaient été mes ennemis ; que je devais me souvenir que lorsque les Mexicains assiégeaient mon palais et se battaient avec les Espagnols pendant mon voyage à Cempoal, lors de l’arrivée de Narvaez, qu’il y avait à Chalco deux Espagnols que j’y avais envoyés pour acheter du maïs, qu’ils firent conduire à Guaxocingo parce qu’ils savaient que les habitants étaient de nos amis, et cela de peur que les Mexicains ne les tuassent comme ils avaient fait de tous peux qu’ils surprirent hors de nos quartiers. Ils me contèrent cela et bien d’autres choses en pleurant ; je les remerciai et leur promis de faire tout ce qu’ils désireraient et que je les traiterais en amis. Depuis lors, ils nous ont toujours montrer la meilleure volonté et s’empressent d’obéir à tout ce que je leur mande de la part de Votre Majesté.