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l’heure. L’autre frère, le plus jeune resta près de moi, et comme c’était un enfant, il nous fut facile d’en faire un chrétien, à qui nous donnâmes le nom de Don Fernando. Lorsque je partis de Tlascala pour Mexico, je le laissai derrière moi à la garde de mes Espagnols et je dirai à Votre Majesté ce qui lui arriva.

Le lendemain de notre retour d’Istapalapa à Tezcoco, je résolus d’envoyer Gonzalo de Sandoval, grand alguazil de Votre Majesté, à la tête de vingt chevaux et deux cents fantassins, tant arquebusiers qu’arbalétriers, dans une expédition qui avait pour but : 1o d’escorter des courriers que j’envoyais à Tlascala pour s’informer de la marche de mes brigantins et veiller aux intérêts de la ville de la Veracruz et des gens que j’avais laissés dans ces parages ; 2o pour établir la sécurité des routes au sujet de l’allée et venue de mes courriers, attendu que nous ne pouvions sortir de la province d’Aculuacan sans passer par les terres de nos ennemis et que mes Espagnols de la Veracruz et autres lieux ne pouvaient parvenir jusqu’à moi, qu’en courant les plus grands dangers. Je donnai ordre au grand alguazil de conduire mes courriers en sûreté, puis de revenir sur la province de Chalco, frontière d’Aculuacan, dont les habitants quoique passant pour alliés des Mexicains, désiraient se déclarer pour Votre Majesté, mais ne l’osaient en présence d’une garnison mexicaine que le souverain de Culua leur avait imposée. Mon lieutenant partit, accompagné de tous les Indiens de Tlascala qui nous avaient suivis comme porteurs et de tous ceux qui nous avaient suivis à titres divers et qui retournaient chez eux chargés de dépouilles. Comme ils marchaient un peu en avant, Sandoval, qui occupait l’arrière-garde avec ses Espagnols, crut que les ennemis n’oseraient les attaquer. Mais quand ceux-ci, qui occupaient les villages de la lagune, s’aperçurent de cet ordre de marche, ils tombèrent sur les Tlascaltecs, leur enlevèrent leur butin et en tuèrent plusieurs. Aussitôt que mon capitaine connut l’attaque, il accourut avec ses chevaux et ses fantassins, tomba sur les Indiens, en tua un grand nombre à coup de lances et dispersa les autres, qui se réfugièrent dans l’eau et dans les villages de la lagune ; mes courriers arrivèrent à Tlascala suivis des Tlascaltecs, portant le butin qui leur était resté. Ayant mis