Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dommage dans son royaume, car ses sujets étaient innocents des désastres qu’avaient soufferts les Espagnols, dont les Mexicains étaient seuls coupables ; que pour lui, il se déclarait vassal et sujet de Votre Majesté, notre ami, et promettait de s’en montrer toujours digne ; il nous invitait à nous rendre dans sa capitale où nous pourrions juger des sentiments des habitants à notre égard.

Je leur répondis par mes interprètes qu’ils étaient les bienvenus : que je me réjouissais de leur amitié, que j’acceptais leurs regrets de m’a voir fait la guerre comme alliés des Mexicains ; mais qu’ils savaient parfaitement qu’à cinq ou six lieues de la ville de Tezcoco, dans certain village de leur dépendance, ils m’avaient dernièrement tué cinq cavaliers, quarante-cinq fantassins et plus de trois cents Indiens de Tlascala qui venaient comme porteurs : qu’ils nous avaient pris beaucoup d’or, d’argent et d’étoffes, qu’il n’y avait d’autre excuse à cette affaire que de nous rendre ce qu’ils nous avaient pris. Qu’à cette condition, quoique tous méritassent la mort pour le massacre de tant de chrétiens, je leur accorderais la paix, puisqu’ils venaient me la demander. Que sinon, je procéderai contre eux avec toute la rigueur possible.

Ils me répondirent à leur tour que tout ce qu’on nous avait pris avait été transporté à Mexico par les gens de cette ville, mais que l’on chercherait et que l’on me rendrait tout ce qu’on aurait trouvé. Ils me demandèrent si j’entrerais ce jour même dans la ville, ou si je m’arrêterais dans les deux villages de Coathlinchan et Huexotla, à une lieue et demie de Tezcoco et qui en sont comme des faubourgs : ce qu’ils désiraient dans le but suivant. Je leur dis que je ne comptais pas m’arrêter et que j’irais directement à Tezcoco. Ils s’en réjouirent fort et demandèrent à me devancer pour préparer mes logements et ceux de mes hommes. Ils partirent ; lorsque nous arrivâmes dans les deux villages, les notables vinrent nous recevoir et nous apportèrent à manger. Vers les midi, nous arrivâmes au centre de la ville ou nous avions nos logements dans un grand palais, qui avait appartenu au père de Guanacazin, seigneur de la ville.

Avant de nous installer, je réunis mes hommes et leur