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qu’ils fussent exterminés ou chassés du pays ; qu’ils fissent également la guerre à tous les Indiens nos alliés et nos amis. Quoique comptant sur Notre Seigneur, pour que les ennemis ne réussissent point dans leur funeste projet ; néanmoins, je me trouve au milieu de difficultés extrêmes pour prêter secours aux Indiens nos amis, qui viennent de toutes parts nous implorer contre les Mexicains, leurs ennemis et les nôtres, qui leur font la guerre pour les punir de leur alliance avec nous ; en vérité je ne puis les secourir tous comme je le désirerais, mais comme je l’ai dit, il plaira à Notre Seigneur suppléer à notre faiblesse en nous envoyant des secours sur lesquels je compte, comme sur ceux que j’ai envoyé demander à l’île Espagnola. Ce que j’ai vu et trouvé de ressemblance entre cette contrée et l’Espagne, tant pour sa fertilité que sa grandeur et la température qu’il y fait et autres points qui les rapprochent, m’a décidé à la baptiser la Nouvelle-Espagne de la mer Océane, et c’est au nom de Votre Majesté que je lui ai donné cette appellation. Je supplie humblement Votre Altesse qu’elle le tienne pour bien et mande qu’on la nomme ainsi.

J’ai écrit à Votre Majesté, quoique en mauvais style, tout ce qui s’est passé dans ces contrées, et tout ce qui pouvait intéresser Votre Altesse, et dans une lettre qui accompagne cette relation, je supplie Votre Royale Excellence de vouloir bien envoyer une personne de confiance pour y procéder à toutes enquêtes, recherches et perquisitions afin d’en faire un rapport à Votre Majesté, et je l’en supplie humblement de nouveau, parce que, en m’accordant cette faveur, Votre Altesse sera convaincue de la vérité de ce que je lui ai dit. Très Haut et Très Excellent Prince, que Notre Seigneur Dieu augmente et conserve la vie et les biens et les royaumes de Votre Majesté sacrée autant que son royal cœur peut le souhaiter.

De la Ville Sécurité de la Frontière (Segura de la Frontera), le 30 octobre 1520.

De Votre Majesté le très humble serviteur et sujet qui baise les mains royales et les pieds de Votre Altesse.

Fernand Cortes.