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hauteur qui entoure la ville, et ils avaient amassé des pierres pour se défendre. Leur territoire embrasse une vallée toute ronde, plantée d’arbres à fruits et de coton qui ne pousse nulle part aux environs, à cause du froid. Ici, c’est ce que l’on appelle la terre chaude, les montagnes l’abritant contre les vents du nord. Toute la vallée est artificiellement irriguée au moyen de canaux construits de la façon la plus ingénieuse.

Je séjournai dans cette ville jusqu’à ce qu’elle fût entièrement repeuplée et que les choses de la vie usuelle eussent repris leur cours. C’est là que vint me trouver le cacique d’une ville appelée Guajocingo, qui se déclara le vassal de Votre Majesté, ainsi que le cacique d’une autre ville située à dix lieues d’Izzucan, sur la frontière des terres mexicaines. Il me vint encore les envoyés de huit villages de la province de Oaxaca, qui est celle dont j’ai parlé dans un chapitre précédent ; province visitée par les Espagnols que j’avais envoyés à la recherche de l’or dans la province de Zacatula et de Tamazula qui est voisine. Je disais qu’il y avait de grandes villes et de belles maisons mieux construites que partout ailleurs. Cette province d’Oaxaca est à quarante lieues d’Izzucan. Les habitants de ces huit villages qui étaient venus s’offrir comme sujets de Votre Altesse, me dirent que les gens de quatre autres villages qui restaient, viendraient bientôt pour la même cérémonie. Ceux-ci me prièrent de leur pardonner de n’être pas venus plus tôt, la peur des Mexicains les en avait empêchés ; mais ils n’avaient jamais pris les armes contre moi et n’avaient jamais tué aucun des miens : dorénavant ils resteraient les fidèles sujets de Votre Majesté, de sorte que Votre Altesse peut être certaine que sous peu de temps nous regagnerons ce que nous avons perdu, tout ou partie, car chaque jour les seigneurs d’un grand nombre de villes et provinces autrefois sujettes de Muteczuma viennent jurer fidélité à Votre Majesté, parce que dans ce cas ils sont bien accueillis et bien traités, tandis que dans le cas contraire ils sont châtiés et détruits.

Je sus par les prisonniers que je fis à Guaçachula, et particulièrement par celui qui était blessé, tout ce qui s’était passé à Mexico ; comment après la mort de Muteczuma lui avait suc-