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nombre seraient venus se mettre aux ordres de Votre Altesse, si les gens de Culua ne s’y étaient opposés ; et qu’ils me le faisaient savoir afin que j’y misse un terme ; car outre la défense faite aux gens de bonne volonté de venir à nous, ces Mexicains faisaient beaucoup de mal aux habitants de la ville et des environs. Étant très nombreux, les Mexicains leur faisaient souffrir mille avanies, leur prenaient leurs femmes et les dépouillaient de leurs biens ; je n’avais donc qu’à leur donner des ordres, auxquels ils s’empresseraient d’obéir. Après les avoir remerciés, je les renvoyai en les faisant accompagner de treize chevaux, deux cents soldats et trente mille de nos alliés. Il fut convenu que cette armée prendrait un chemin détourné, qu’arrivée près de la ville le cacique et les habitants en seraient avertis et entoureraient les maisons où se trouvaient logés les capitaines mexicains, qu’ils s’en empareraient ou les tueraient avant que leurs gens pussent les secourir, et que quand ils viendraient, les Espagnols pénétreraient dans la ville pour les attaquer et les battre. Ils partirent avec les Espagnols, passèrent par Cholula et certaine partie de la province de Guajocingo, frontière des possessions de Guaçachula, à quatre lieues de cette ville. Or dans un village de la république de Guajocingo, on vint dire aux Espagnols que les Indiens de cette province s’étaient entendus avec ceux de Guaçachula et de Mexico pour attirer les Espagnols dans leur ville et tous ensemble les attaquer et les détruire.

Comme mes compagnons se trouvaient encore sous l’impression de terreur que nous avaient laissée les Mexicains et les événements passés à Mexico, cet avis jeta l’épouvante parmi les Espagnols ; le capitaine qui les commandait fit une enquête, et mit en état d’arrestation tous les gens de Guajocingo qui l’accompagnaient, ainsi que les envoyés de Guaçachula, puis il revint à Cholula avec ses prisonniers ; de cette dernière ville il me les envoya, sous la garde de quelques cavaliers et soldats, avec détails sur l’affaire.

Le capitaine m’écrivait en outre que ses hommes étaient fortement impressionnés et que cette campagne lui paraissait dangereuse. Les prisonniers arrivés, je les interrogeai au moyen de mes interprètes et je m’aperçus que le capitaine les avait mal