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la paix, qu’il soumet la ville de Cholula et qu’il entre à Mexico.

La première de ces lettres est la plus faible ; la seconde, la plus intéressante ; la troisième, la plus dramatique ; la quatrième, celle où le conquérant développe le mieux ses qualités d’organisateur ; la cinquième n’est que l’étalage d’une grande faute où son besoin d’aventures entraîna Cortes.

La première est la plus faible ; pourquoi ?

Cortes n’est alors que le planteur galant et bravache de l’île Fernandina ; il n’est pas encore lui ; quoique dévoré d’ambition, il ignore sa valeur ; il se doute à peine du drame étrange dont il n’est qu’au prologue, de l’épopée grandiose dont il sera le héros.

Mais s’il ignore sa destinée, il la prépare, et cette relation n’a pour but que de se donner la première place dans cette affaire et de ruiner Diego Velazquez, le promoteur de l’entreprise, dans l’esprit de son souverain. Aussi, n’est-il pas censé l’écrire, cette relation perfide : il la dicte à ses compagnons d’aventures, dont il se fait proclamer le chef suprême en attendant que Charles-Quint vienne confirmer cette élection adroitement escamotée.

Mais, dans la seconde lettre, Cortes nous racontera ses faits et gestes, nous décrira le pays, ses productions, ses coutumes, son industrie et ses richesses ; il nous dépeindra les villes merveilleuses qu’il traverse et conquiert, ses négociations avec leurs princes, ses luttes et ses combats de chaque jour, avec une abondance étonnante et parfois en termes magnifiques ; de sorte que, d’un seul bond, il se révèle écrivain remarquable, politique subtil, grand administrateur et plus grand capitaine.

On peut lui reprocher en certains passages de tronquer