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de Lorenzana, antérieures à cette découverte, la traduction française de Flavigny faite sur cette dernière (1778), étaient très incomplètes, et l’on ne saurait trop remercier M. D. Charnay d’avoir bien voulu consacrer les loisirs d’une verte vieillesse à nous donner dans notre langue un texte complet, tiré de la collection publiée à Madrid par Don Enrique de Vedra[1], et qui permettra à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire d’Amérique, de lire sans effort et avec sûreté les récits désormais classiques du plus grand des conquistadores.

La traduction de M. Charnay n’est pas seulement plus complète, elle est aussi plus fidèle en général que celle de son distingué devancier. Flavigny connaissait bien la langue castillane — il l’a prouvé à diverses reprises, — mais il traduisait, comme c’était alors la coutume, en se contentant de donner tant bien que mal le sens général, sans se préoccuper de rendre chaque terme et de conserver, dans la mesure du possible, les tournures spéciales propres à son auteur. Il passait un mot, sautait un bout de ligne, abrégeait la phrase ou la remplaçait par un véritable commentaire.

M. Charnay ne prend pas les mêmes libertés avec le texte castillan, qu’il suit habituellement de plus près, en s’efforçant d’ailleurs de garder à sa traduction un caractère aussi littéraire que possible.

Il a du reste sur Flavigny plusieurs avantages importants. Il connaît par lui-même, pour les avoir personnellement explorées, les contrées où se passent les événements racontés par le conquérant espagnol. Il a étudié sous ses divers aspects et dans ses différentes provinces la population indienne que Cortes met en scène. Enfin le dialecte colonial

  1. Biblioteca de autores españoles desde la formación del languaje hasta nuestros días — Historiadores primitivos de Indias. T. I, p. 1-153. Madrid, 1877, in-4o.