d’esprit, dit le métromane à son frère, vous le jugez peu propre aux affaires. Pauvres gens ! vous êtes trop heureux que les gens d’esprit ne s’en mêlent pas. »
Le 18 août, on a donné, sur le Théâtre Italien, la
première représentation de la Fille Garçon, comédie en
deux actes et en prose, mêlée d’ariettes. Les paroles sont
de M. Desmaillot, qui a travaillé avec quelque succès
pour nos petits théâtres des boulevarts et du Palais-Royal.
La musique est de M. de Saint-Georges, mulâtre
plus célèbre par son prodigieux talent pour l’escrime, et
par la manière très-distinguée dont il joue du violon,
que par la musique de deux opéra comiques, Ernestine
et la Chasse, qui ne survécurent pas à leur première
représentation.
Le fond de cette pièce ne mérite pas qu’on en parle. Quant à la musique, quoique mieux écrite qu’aucune autre composition de M. de Saint-Georges, elle a paru également dépourvue d’invention ; les divers morceaux qui la composent ressemblent, et par les motifs, et même par les accompagnemens, à des morceaux trop connus. Ceci rappelle une observation que rien n’a encore démentie ; c’est que si la nature a servi d’une manière particulière les mulâtres, en leur donnant une aptitude merveilleuse à exercer tous les arts d’imitation, elle semble cependant leur avoir refusé cet élan du sentiment et du génie, qui produit seul les idées neuves et les conceptions originales. Peut-être aussi ce reproche fait à la nature ne tient-il qu’au petit nombre des hommes de cette race à qui les circonstances ont permis de s’appliquer à l’étude des arts.