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CORRESPONDANCE

LITTÉRAIRE


1778.
MARS.

Paris, mars 1778

IL est rare que les fêtes du carnaval ne fournissent quelque anecdote remarquable. Celle qui a fait le plus de bruit cette année mérite de fixer l'attention, non-seulement par le rang des personnes qui en font naître le sujet, par l'importance de ses suites, mais aussi par I’influence singulière que l’empire de l’opinion a paru avoir dans cette circonstance sur nos usages et sur nos mœurs. On ne nous pardonnerait pas sans doute de la passer sous silence, des mémoires littéraires n’ayant point d’objets plus intéressans à nous offrir que ceux qui tiennent à l’histoire de l’opinion. Voici le fait en peu de mots :

M. le comte d’Artois, a la faveur de la liberté qu’inspire le masque, et peut-être aussi grace aux avis secrets de madame de Canillac[1] (i) qui lui donnait le bras, se permit, dans un de nos derniers bals[2], de dire à madame la duchesse de Bourbon des choses assez vives pour exciter au moins son impatience autant que sa curiosité.

  1. Madame de Canillac, ci-devant dame d’honneur de madame la duchesse de Bourbon, puis attachée à madame Élisabeth. (Note de Grimm.)
  2. C'était à celui de mardi-gras.