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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE

suicide qu’on a trouvées bonnes, et que je ne trouve pas supérieures au reste. L’auteur fait raisonner sur cette matière un Anglais vaporeux qui finit par se donner la mort, et un Français sensé qui aime à vivre ; tout cela n’est bon que pour un thème de collège ; de même que les portraits du courtisan, de l’homme charmant, du bel esprit, des femmes, etc., qui sont tous, ou manqués, ou communs et plats. L’auteur, répond assez plaisamment à la question, Qu’est-ce que c’est qu’un homme rare ? — « C’est, dit-il, un grand seigneur qui a du mérite, et qui sait beaucoup. » Il est très-pardonnable, sans doute, à un homme du monde comme M. le chevalier d’Arcq, d’employer son loisir à écrire des Lettres d’Osman ; mais il ne faut pas qu’il oublie le conseil si sage du Misanthrope, de se bien garder de les montrer, et, à plus forte raison, de les faire imprimer.




Voici encore une copie d’un original moins heureux, et, par conséquent, moins redoutable pour les imitateurs, ce sont de Nouveaux Dialogues des morts, en deux petits volume ; M. Pesselier[1], qui en est l’auteur, les a dédiés à M. de Fontenelle, le premier, parmi les Français, qui ait fait des ouvrages dans ce goût. Tout le monde, connaît les dialogues des morts du célèbre Nestor de l’empire brillant de la littérature, comme l’appelle M. Pesselier. Le plus grand inconvénient de ces sortes d’ouvrages est d’être froids et sans intérêt, quoique d’ailleurs pleins d’esprit et de finesse : les dialogues sont une espèce de scène ; rien n’est si insupportable qu’une scène froide. Un

  1. Auteur dé comédies représentées au Théâtre Italien, d’un recueil de fables et de poésies fugitives ; né à Paris en 1712 la, mort en 1763.