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parlons contiennent sept époques, ou sept morceaux : 1° l’élection de Charles-Quint en 1519 ; 2° les guerres civiles d’Espagne en 1520 et 21 ; 3° la guerre de Navarre en 1521 ; 4° les guerres entre Charles-Quint et François Ier depuis 1521 jusqu’en 1544 ; 5° la révolution arrivée en Suède depuis 1515 jusqu’en 1544 ; 6° l’histoire du divorce de Henri VIII, roi d’Angleterre, et de Catherine d’Aragon, depuis 1527 jusqu’en 1534 ; 7° l’histoire de la conjuration de Fiesque en 1546 et 47. Je crois que l’auteur a bien saisi la façon dont il faudra écrire désormais l’histoire générale d’un siècle. M. de Voltaire nous en a donné un excellent modèle dans son Siècle de Louis XIV. Vous ne trouverez pas, dans l’ouvrage de M. l’abbé Raynal, le génie, le feu et le pinceau de M. de Voltaire, mais vous y trouverez beaucoup de clarté, beaucoup de sagesse, beaucoup de logique et beaucoup d’amour pour la vérité, et c’en doit être assez pour ceux qui veulent s’instruire agréablement. Son style n’est pas peut-être naturel, mais il n’est plus fatigant ; on y trouve quelquefois des négligences, comme l’on en trouve partout. Les gens de lettres n’ont pas oublié de lui reprocher ce défaut de correction, et surtout le grand nombre de portraits dont il a chargé son ouvrage. Il est certain que ceux qui sont nourris de la lecture de Plutarque ne doivent pas s’accommoder de cette manière. Ce grand maître dans l’art d’écrire n’a pas besoin de faire des portraits ; c’est un peintre d’autant plus sublime qu’il ne paraît jamais que comme historien, et qu’au lieu de nous faire des portraits, il a le secret de nous montrer l’homme même. Mais, en jugeant un ouvrage, il faut commencer par approuver ou par faire grâce au plan et à la forme ; il serait inutile de s’arrêter aux détails, si la forme dé-