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due, il pria souvent Diderot, son ami, de le seconder. Celui-ci se chargea notamment de plusieurs Expositions de peinture ; non pas que Grimm n’en fût lui-même fort bon juge y car Diderot disait que s’il avait, sur cette partie des beaux-arts, quelques notions réfléchies, c’était à lui qu’il les devait[1] ; mais parce que le compte à rendre des Salons était une surcharge de travail qui eût forcé Grimm, si elle eût toujours pesé sur lui, à tronquer ou à négliger tout le surplus du sien. Quelquefois encore il fut forcé par ses affaires personnelles, ou par des négociations qui lui furent confiées, de s’absenter momentanément de Paris. Il avait à cœur que sa Correspondance n’en souffrit pas : aussi s’arrangea-t-il presque toujours pour qu’un ami tînt la plume en son absence. Diderot lui fut encore plus d’une fois utile en ces circonstances[2] y et l’on pense généralement que Raynal[3],

    Saarbruck. M. Barbier nous a aussi appris que « Grimm, avant d’expédier à ses augustes correspondans les lettres dans lesquelles il leur rendait compte de notre littérature, en ftiisait faire quelques copies en faveur des particuliers assez riches ou assez curieux pour lui payer un abonnement de trois cents francs. Cela explique assez bien la facilité avec laquelle on a pu réunir en peu de temps, et au gré de l’empressement du public, de quoi composer seize volumes de ces lettres. »

  1. Première phrase du Salon de 1765.
  2. C’est notamment Diderot qui se chargea de le remplacer pendant le voyage qu’il fit à Genève avec madame d’Épinay à la fin de 1757. Cela résulte d’une lettre sans date, mais de cette époque, adressée par Diderot à Grimm, et qui se trouve dans les Œuvres du premier.
  3. Les éditeurs des six premiers volumes de la précédente édition ont même avancé que les trois premières années (1753, 1754, 1755) étaient de l’abbé Raynal, et que ce ne fut qu’en 1756 que Grimm prit la plume. Cette assertion ne peut pas avoir le moindre fondement, 1° parce que nous voyons dans la lettre à Saint-Lambert, du 15 août 1755, que celui qui l’écrit n’était pas présent à la scène du curé du Montchauvet, et que dans une autre lettre sur le même sujet, janvier 1790, d’Holbach, en en citant les témoins, nomme Raynal