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commencement de ce recueil fut également retrouvé, et, à quelques courtes interruptions près, l’on eut, grâce à ces découvertes successives, un tableau littéraire de 1753 à 1790, c’est-à-dire plus complet de douze ans que les Mémoires secrets de Bachaumont, de vingt-deux ans que la Correspondance littéraire de La Harpe, de vingt-sept ans que la Correspondance secrète de Métra.

De 1 753 à 1 790 on vit finir Fontenelle et Montesquieu ; Buffon publier ses titres à l’immortalité et descendre au tombeau ; on vit se poursuivre et s’achever le monument encyclopédique ; Rousseau à ses débuts et à la fin d’une carrière volontairement abrégée peut-être ; Voltaire publiant plus d’un grand ouvrage historique, et mainte fois applaudi à la scène ; ses restes obtenant dans l’ombre un peu de terre, malgré la défense d’un évêque, puis tout un peuple se disposant à les porter en triomphe aux caveaux du Panthéon ; de 1753 à 1790 on vit cette guerre de billets de confession, où combattirent le parlement, la cour, le clergé ; puis à ces débats ridicules, à ces champions impuissans, succéder une lutte imposante, et Mirabeau.

On comprend tout ce que renfermait d’élémens de succès l’histoire quotidienne d’une époque si pleine d’événemens, si mouvante, si contrastée ; mais, pour tout faire apprécier, disons comment fut composée cette chronique et comment elle fut publiée.

Grimm entretenait avec plusieurs souverains du Nord une correspondance qui les mît au courant de ce qui appelait l’attention de Paris[1]. Comme la tâche était éten-

  1. L’Impératrice de Russie, la reine de Suède, le roi de Pologne, la duchesse de Saxe-Gotha, le duc des Deux-Ponts, la princesse héréditaire de Hesse-Darmstadt, le prince George de Hesse-Darmstadt, la princesse de Nassau-