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tout sens, honnête et polie, telle que doit être la discussion entre honnêtes gens, et surtout entre amis. Il y a des gens qui prétendent que sa critique est plus amère que solide ; et moi je me garderai bien de juger ce procès, parce que je n’ai nulle envie de lire le bavardage délayé de l’abbé mulcté ; il a fait pour moi ses preuves de bon esprit et d’écrivain judicieux dans l’affaire de la Compagnie des Indes ; il m’a démontré qu’on pouvait être à la fois un grand raisonneur, un esprit bien absurde et un brouillon bien étourdi ; je le tiens quitte de toute nouvelle preuve.

Quant à Saint-Jean de La Rivière in aquis, remarquez, sur le titre de son Apocalypse, les mots dans tous les temps, et vous serez en état de vous former une idée de la sagesse de ces rêveurs-là ; ils ne se doutent pas seulement qu’une loi politique, bonne dans tous les temps, n’est précisément d’usage dans aucun temps, ni dans aucun lieu. Un troisième abbé, dit Roubaud, docteur de l’école absurde, ayant remarqué le grand succès de l’ouvrage de l’abbé Galiani, et l’ayant attribué à la gaieté qui y règne, a voulu faire le plaisant en le réfutant, et a cru que rien n’était si plaisant que de dire des injures à son adversaire. Il a intitulé sa réfutation : Récréations économiques, ou Lettres de l’auteur des Représentations aux magistrats, à M. le chevalier Zanobi, principal interlocuteur des Dialogues sur le commerce des blés. Ces Récréations forment une brochure in-8° de deux cent trente-sept pages, qui est restée aussi obscure que les autres faits d’armes des économistes.

Outre ces combats des moulins à vent contre le chevalier Zanobi, nous avons eu, en fait de fatras économique, plusieurs autres ouvrages, dont la lecture n’a pas encore guéri les plaies que l’agriculture reçoit journellement de la taille arbitraire et d’autres petits inconvénients encore subsistants ; je me bornerai à en indiquer deux. Le premier a pour titre : Traité politique et économique des communes, ou Observations sur l’agriculture, sur l’origine, la destination et l’état actuel des biens communs, et sur les moyens d’en tirer les secours les plus piquants et les plus durables pour les communautés qui les possèdent et pour l’État[1] : ces secours piquants forment un vol.  in-8°. L’autre brochure de deux cents pages, pareillement in-8°, est intitulée l’Ami

  1. Par le comte d’Essuile.