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Si quelques fossés font du tort,
Ce qu’on n’ose prévoir d’abord,
Français, je vous réponds d’avance
Que par un effort plus qu’humain
Tous les trous à fatale chance
Seront bouchés le lendemain.

Le successeur de Roquemont[1]
Sur son major doit faire fond ;
Mais ce beau major de parade,
Loin de veiller au bien commun,
Dans un coin de la colonnade
Ira jouer au vingt-et-un.

Gardez-vous bien, gens de Paris,
D’être étouffés, brisés, meurtris.
Sut-on jamais punir en France ?
Malheur aux pauvres trépassés !
Ils auront beau crier vengeance,
Eux seuls payeront les pots cassés.

Les spectacles donnés à la cour à l’occasion de ce mariage n’ont pas eu de suites aussi funestes que les fêtes de Paris ; mais ils ont en général peu réussi, et ont fait peu d’honneur aux ordonnateurs. Le feu d’artifice et l’illumination du parc de Versailles ont eu seuls beaucoup de succès. La nouvelle salle d’opéra, construite à Versailles sur les dessins de M. Gabriel, premier architecte du roi, a servi, pour la première fois, à ces fêtes. Cette salle est sans doute très-magnifique ; mais cette grande profusion d’ornements et de dorures est en elle-même un grand défaut ; on dira à l’architecte : Ne pouvant la faire belle, tu l’as faite riche. La beauté d’une salle de spectacle consiste dans la plus grande simplicité, dans la commodité et l’égalité des places, dans la facilité des communications, etc. Si vous élevez une colonnade circulaire au-dessus des premières loges, il est certain que vous bridez par ces colonnes les yeux d’une infinité de spectateurs qui ne pourront plus voir le théâtre ; si vous suspendez des lustres superbes entre chaque colonne, vous éclairerez bien la salle, mais l’illumination du théâtre s’en ressentira nécessairement et ne fera plus d’effet ; si vous prodiguez l’or et

  1. Commandant du guet à cheval, mort depuis peu. (Grimm.)