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Et il a donné, à tous ceux qui l’ont voulu, la permission pour de l’argent d’apporter ici leurs marchandises.

Et tous les citoyens en peuvent prendre en payant, et tu peux aussi en prendre ce qu’il te plaira en payant ; car mon serviteur Jérôme est grand, et il aime la magnificence.

Et je regardai à gauche, et je vis une grande quantité d’hommes et de femmes, et ils étaient enfermés chacun dans une boîte, et ils bâillaient séparément, et ils n’eurent d’autre affaire ; et il me parut qu’ils avaient sommeil.

Et il était la troisième heure de la nuit, et le jour n’était pas loin, et je m’allai coucher, et je me disais en m’allant coucher : Oh ! combien le serviteur Jérôme est étonnant ! car il a donné une fête, et je ne l’aurais pas donnée comme cela[1].


CHANSON

Sur l’air de Monsieur le Prévôt des marchands.

On prétend que monsieur Bignon,
Magistrat plein d’attention,
Ne veut point qu’on tire à la Grève
Le feu de la Saint-Jean prochain ;
Il a trop peur qu’on ne s’y crève,
Vu les entraves du terrain.

Sa prudence a choisi, je crois,
La place de notre bon roi.
Chacun peut y voir sans obstacle,
Et défiler commodément ;
Là car ce serait un vrai miracle
S’il arrivait quelque accident.

Sartine en vain s’alarmera ;
Dieu sait comme on l’écoutera.
Quelle erreur de craindre la foule
Dans un si vaste emplacement !
L’honnêteté veut qu’on y roule
Carosse et fiacre librement.

  1. Et moi, qui n’ai pas vu la fête et qui n’ai pas été chargé d’en écrire la lamentation, je me suis dit : Il aurait mieux valu pour ce prophète anonyme de faire sa lamentation sans paroles, comme il a fait un poëme sans paroles ; car combien il faut avoir peu d’âme pour faire d’un malheur public un objet de plaisanterie ! (Grimm.)