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garantir la durée, en consacrant par ses propres édits les anciennes constitutions de cet État… qui ont donné aux premiers officiers de la couronne auprès des rois le rang immédiat après les princes du sang. Elle comblera la reconnaissance des plus fidèles et des plus soumis de ses sujets, et d’une noblesse qui n’est pas moins prête que ses ancêtres à sacrifier sa vie et ses biens à la défense de sa patrie et à la gloire de votre couronne. À Paris, le 7 mai 1770 ; et ont signé sans distinction de rang et de maisons. »

Cette requête fut à peine connue qu’il en courut dans le public la parodie que vous allez lire :


Sire, les grands de vos États
Verront avec beaucoup de peine
Une princesse de Lorraine
Sur eux au bal prendre le pas.
Si Votre Majesté projette
De les flétrir d’un tel affront,
Ils quitteront la cadenette
Et laisseront les violons.
Avisez-y, la ligue est faite.
Signé : l’évêque de Noyon,
Lavaupalière, Bauffremont,
Clermont, Laval, et de Villette.

On disait en effet tout haut que si la réponse du roi à ce Mémoire n’était pas favorable, toutes les femmes de qualité se trouveraient subitement indisposées, et qu’aucune ne danserait au bal paré. Au reste, cette requête versifiée ne manque pas de sel, indépendamment du ridicule de voir un prélat présider aux délibérations et diriger les démarches et les efforts de la noblesse française au sujet d’un menuet, on y a enchâssé les noms de quelques anciennes illustres maisons entre deux grands de la monarchie de très-fraîche date. On prendrait cela pour une mauvaise plaisanterie, mais le fait paraît certain ; et l’on assure que le marquis de Villette, fils d’un trésorier de l’extraordinaire des guerres, qui ne s’est illustré jusqu’à présent que par quelques petits écrits et d’assez grands écarts de jeunesse, a eu la permission de signer une requête au bas de laquelle on lit les nom de Bauffremont, de Clermont, de Montmorency. Il n’est