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ples chéris, couverts de l’égide de la foi, seront à l’abri des traits empoisonnés que l’incrédulité lâche pour leur perdition. Une victime coupable apaisera le courroux céleste. Après cette sainte et salutaire barbarie, réconciliés avec l’Éternel, nous lui chanterons nos cantiques dans la simplicité de notre esprit, et avec un aveuglement consommé nous pourrons adorer en foi et en esprit ses mystères incompréhensibles. Les bêtes féroces respecteront notre zèle, les hyènes seront chassées par l’eau bénite, notre foi vive et fervente adoucira les hivers, transportera les montagnes et ressuscitera nos oliviers. Déjà les froids aquilons font place aux doux zéphyrs, les arbres verdissent, et leurs cimes superbes se couvrent de fruits. Les promesses que l’Éternel fait à ses enfants vont s’accomplir. Vous serez comblés de ses dons, vos celliers abonderont d’huile, vos pressoirs seront remplis de vin, vous vous nourrirez de la chair de vos ennemis, et votre famille nombreuse entourera votre table, comme ces tendres ceps de vigne qui forment des berceaux dans vos campagnes fécondes.

Il nous reste, mes chers frères, en finissant, de vous conjurer par les entrailles de la miséricorde de Dieu de vous comporter avec zèle et avec une pieuse vigueur dans la poursuite de l’impie à l’extirpation duquel sont attachés la fin de nos calamités et la bénédiction céleste. L’Église est un rocher inébranlable où les flots de l’erreur viennent se briser sans le léser. Tenez, mes chers frères, à ce rocher, à ce sûr asile ; votre foi triomphante verra la philosophie téméraire et la raison hautaine terrassées à ses pieds. Vous êtes notre troupeau, nous sommes votre berger. En cette qualité, notre devoir est de vous avertir et de vous prévenir contre les ouvrages d’iniquité qui se répandent comme les vapeurs sombres qui sortent du pied de l’abîme, et qui exhalent la corruption et la mort éternelle.

À ces causes, vu les livres qui ont pour titre : Lettres juives, Lettres chinoises, Philosophie du bon sens, Commentaire sur Ocellus, Commentaire sur Timée de Locres, Vie de l’empereur Julien ; après les avoir examinés avec des personnes d’une piété éminente, et y avoir trouvé partout des assertions erronées, hérétiques, sentant l’hérésie, choquant les oreilles pieuses, malsonnantes, blasphématoires ; nous défendons à toute personne de notre diocèse de lire ou retenir lesdits livres,