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ham, d’Isaac et de Jacob courroucé contre vous, comme jadis ille fut contre son peuple, lorsque la ville où il avait son temple était profanée, et que l’abomination était aux saints lieux.

Oui, l’abomination est parmi nous ; le souffle empoisonné d’un monstre corrompt la pureté de ces climats ; c’est lui qui excite et attire sur nous la colère céleste : comme l’impie Achab fit tomber sur sa famille tous les fléaux qui l’accablèrent, ce tison d’enfer attire sur nous toutes les calamités. Cet homme s’est rencontré doué d’une flexibilité d’esprit infinie autant que d’une malice profonde, raffinée par la philosophie. Guidé par une incrédulité opiniâtre et secondé d’un génie séducteur, il s’est déclaré l’ennemi de la cause de Dieu. Nouveau Protée, il se transfigure et prend sans cesse de nouvelles formes. Tantôt comme Juif, tantôt comme Chinois ou comme initié à la cabale, il vomit ses horribles blasphèmes. Ici empruntant le ton d’un commentateur, il fait penser et dire à Ocellus et à Timée de Locres des choses scandaleuses auxquelles ils n’ont jamais pensé. Ce même homme, à présent vomi des climats du Nord, des fins fonds de cette Prusse où l’incrédulité et la fausse philosophie ont établi leur siège, se trouve au milieu de nous, où, comme l’ennemi du genre humain, il tend de tous côtés des filets pour faire tomber sa proie dans le piège qu’il lui a préparé. Dieu dit à son peuple : « Rompez tout pacte avec l’impie, ou je romprai mon alliance avec vous et vos enfants. Exterminez les profanateurs et les idolâtres » (c’est-à-dire les philosophes). Je vous adresse, mes chers frères, les mêmes paroles. Ne tolérez plus parmi vous l’ennemi de votre salut ; mettez des climats lointains entre vous et celui qui veut saper votre foi ; que des mers vous séparent de ce compagnon de Bélial, de ce frère des esprits de ténèbres, de ce fils de Lucifer qui rugit dans des gouffres de douleurs des maux qu’il peut causer aux enfants de l’Église. Ou plutôt armez vos bras comme ces braves Lévites qui, saintement homicides, massacrèrent leurs frères dans le désert. Purifiez les châteaux d’Argens et d’Éguilles de l’aspect de l’impur qui les souille. Extirpez cet esprit rebelle du nombre des vivants. Vous combattrez pour l’Église ; soldats du Dieu vivant, vous soutiendrez sa cause. Alors cette heureuse contrée verra renaître ses beaux jours, les monstres disparaîtront, les saisons seront contenues dans leurs justes bornes, et ces peu-