Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guinaires veulent déchirer le bercail du Seigneur ; ce sont ces âmes perverses, ces esprits de tenêbres qui trouvent une triste consolation en s’associant des compagnons aux tourments inexprimables qu’ils souffrent. Ils paraissent sous divers noms de ralliement qui les désignent ; géomètres sourcilleux, qui, de leur compas pensant avoir mesuré l’univers, veulent asservir nos dogmes à leurs formules et à leurs calculs de probabilité ; encyclopédistes audacieux qui ont perdu la profondeur de leur esprit en l’étendant trop en superficie ; philosophes enthousiastes qui insultent insolemment à l’Église pour recueillir les applaudissements des incrédules et des impies : tels sont, mes frères, les ennemis dangereux qui nous menacent.

Des monarques pieux, dans les siècles précédents, résistaient et savaient sévir contre des instruments dont se sert l’esprit malin pour perdre les hommes ; de saints échafauds étaient dressés dans les villes, où les ennemis de Dieu recevaient le juste salaire de leur rébellion. Depuis qu’un malheureux et damnable esprit de tolérance, ou, pour mieux dire, de tiédeur, domine dans le conseil des princes, l’hérésie ressuscite de ses cendres, l’erreur se répand, l’athéisme s’accrédite, et le vrai culte se perd et s’anéantit. Ainsi l’incrédulité, ne trouvant plus de frein qui l’arrête, bouffie d’orgueil, lève un front audacieux, et sape maintenant ouvertement les fondements de nos temples et de nos autels. Il semble que les puissances de l’enfer liguées fassent un dernier effort pour abattre, pour détruire le trône de l’agneau sans tache. Et de quelles armes se sert cet ennemi du genre humain pour nous combattre ? De la raison, oui, de la raison, mes chers frères ! Ils opposent la raison humaine à la révélation divine ; la sagesse de la philosophie à la folie de la croix ; des axiomes à des inspirations ; des découvertes physiques à la sublimité des miracles ; leur malice raffinée à la simplicité évangélique, et leur amour-propre à l’humilité sacerdotale. Un esprit de vertige les obsède au point que les blasphèmes deviennent des plaisanteries en leur bouche, et que les divins mystères, attaqués en toute manière, sont rendus absurdes et couverts de ridicules. Mais l’Éternel, qui tient encore dans sa main le même foudre dont il frappa les anges rebelles, qui furent précipités dans un gouffre de douleurs, est préparé à leur lancer les mêmes traits de sa main vengeresse. Que dis-je,