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a besoin de consulter et de vérifier des dates. La dissertation qu’on lit à la tête de ces Tables est une compilation faite d’après Eccard, le bénédictin dom Hergott, et le célèbre Schoepffen de Strasbourg.

Lorsque le feu empereur François-Étienne de Lorraine épousa l’héritière de l’empereur Charles VI d’Autriche, les écrivains et faiseurs de généalogie se signalèrent à l’envi pour prouver que les maisons d’Autriche, de Lorraine et de Bade, avaient une origine commune et descendaient de l’ancienne maison d’Alsace. Personne ne doute de l’ancienneté de la maison de Lorraine : si la maison d’Autriche est plus moderne, elle a reçu en illustration ce qui lui manque du côté de la date. D’ailleurs, les origines des familles, ainsi que de toutes choses, sont couvertes d’épaisses ténèbres ; il faut même pour conserver leur air d’authenticité qu’elles se perdent dans l’antiquité de ces siècles héroïques et barbares, de l’énorme confusion desquels est enfin sorti l’ordre des gouvernements modernes : c’est donc une occupation non moins futile qu’indifférente à la gloire d’une maison souveraine que d’enter sa tige à force de conjectures laborieuses et vaines sur la souche de quelque maison ancienne et éteinte.

On trouve à la fin de ces Tables la généalogie de cette branche de la maison de Lorraine qui est établie en France depuis plus de deux cents ans, et qui a pensé arracher à la maison de Bourbon le sceptre d’un des plus beaux royaumes de l’Europe. Le sort de cette branche cadette de Lorraine est d’exciter vivement l’attention des Français. Nous venons d’être témoins d’un mouvement occasionné par les fêtes du mariage de monseigneur le Dauphin. Heureusement chaque siècle a son caractère ; et s’il était question, il y a deux cents ans, de la couronne de France entre la branche de Bourbon et les princes lorrains, aujourd’hui ces mêmes princes n’ont eu à se disputer que pour un menuet avec la noblesse du royaume.

Peu de jours avant le mariage de M. le dauphin, il se répandit le bruit que Mlle de Lorraine, fille de la comtesse de Brionne, et sœur du prince de Lambesc, grand écuyer de France, danserait son menuet au bal paré, immédiatement après les princes et princesses du sang, et que le roi lui avait accordé cette distinction à la suite d’une audience que M. le comte de Mercy, ambassadeur de l’empereur et de l’impératrice-reine, avait eue