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donner à souper au roi et au prince de Suède. Comme le Petit Carême du P. Massillon, le meilleur choix de sermons qui aient jamais été prêchés en France, a eu une vogue étonnante cet hiver, par l’application qu’on a faite de plusieurs péroraisons de ces sermons aux affaires présentes, le roi de Suède a sans doute voulu relire des sermons qui sont surtout précieux par l’harmonie et le charme du style et la grâce de la diction. Mme la comtesse de La Marck en envoyant à Sa Majesté le Petit Carême de M. Massillon, évêque de Clermont, y joignit les vers suivants qui sont encore de la fabrique de M. Loyseau de Mauléon.


Vous allPrince, quelque succès qu’ait eu
Vous Cet orateur à prêcher la vertu,
Vous allez l’enseigner mieux cent fois que lui-même :
Qui jamais l’inspira comme un roi que l’on aime ?
Vous allL’exemple qu’il donne à sa cour
Vous Fait plus de bien aux hommes en un jour
Vous allQue tous les sermons d’un carême.

Parmi les lectures particulières qui ont été faites au roi de Suède, il faut compter le poëme en prose des Incas, ou la Destruction de l’empire du Pérou et Paris sauvé, tragédie en prose par M. Sedaine. On ne sait pas encore quand cette pièce sera jouée ni quand le poëme de M. Marmontel sera imprimé.

M. de Saint-Lambert vient de donner une nouvelle édition de son poëme des Saisons. Cette édition est plus soignée et plus correcte que la première. On en a retouché les planches, et par conséquent les estampes en sont moins belles ; mais qui est-ce qui a jamais acheté un livre pour les images, que les libraires n’ont inventées que pour rançonner le public ? L’auteur a fait plusieurs corrections importantes dans cette nouvelle édition ; il s’est surtout occupé du Printemps, premier chant de son poëme, qui avait été jugé le plus faible : il a cherché à en rendre les transitions plus heureuses. Dans le chant de l’Été il a ajouté une description de la zone torride, qui a cent vers au moins ; ce n’est pas le morceau le moins beau de l’ouvrage. Dans le chant de l’Hiver on lit un épisode sur les glacières de la Suisse, qui n’était pas dans la première édition. Cet épisode est long et tragique, mais il ne m’a pas paru produire l’effet pathétique auquel l’auteur prétend ; M. de Saint-Lambert n’est pas heureux