Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

verti, il suppose que la rancune dure encore. Piron s’est fait dévot depuis plusieurs années ; mais cela n’a pas valu une épigramme de moins à son prochain. Étant allé voir un jour M. l’archevêque de Paris, en qualité de nouveau prosélyte, le prélat lui dit Monsieur Piron, avez-vous lu mon dernier mandement ? et Piron répond : Et vous, Monseigneur ?


CHANSON.
Air : Hélas, vous ne m’aimez guère,

Car tout ça ne vous plaît pas,
Car tout Hélas !
Car Vous n’m’aimez pas.

Vous êtes de beau maintien,
Grande en toutes vos manières,
La reine des gens de bien,
Tenant toujours cour plénière.
Éloigné de vos États,
À moi vous ne songez guère ;
L’absent n’intéresse pas :
Car tout Hélas !
Car Vous n’m’aimez pas.

Autant j’en dis et dirai
À votre aimable héritière[1],
Plus philosophe à mon gré
Que Montaigne et La Bruyère.
Chu tout à coup, patatra,
Du buffet dans la rivière,
Je suis monsieur tout à bas :
Car tout Hélas !
Car Vous n’m’aimez pas.

En étrenne, Sonica,
Votre bonté coutumière,
Me fait présent de moka
Pour toute l’année entière.
La bienfaisance, en tel cas,
Seule quelquefois opère,
Et l’amitié n’en est pas :
Car tout Hélas !
Car Vous n’m’aimez pas.

  1. Madame la marquise de La Ferté-Imbault. (Grimm.)