un jour aux Délices à M. de Voltaire, qui lui avait dit beaucoup de galanteries. La voici ma première partie est ce que vous nous faites quand vous vous taisez ; ma seconde est ce que vous nous faites quand vous parlez ; mon tout est ce que toute l’Europe admire, et ce que je ne voudrais cependant pas être. Le mot était Voltaire. Une femme ayant l’âge et le don de plaire ne devait pas être tentée en effet de prendre la place du vieillard le plus rassasié de gloire. Aujourd’hui c’est, au contraire de l’aventure des Délices, à une jeune femme de vingt ans qu’un vieux philosophe adresse une charade pour se conformer au goût du moment, et afin d’accomplir ce que le prophète a dit dans le chapitre des Malédictions ; car il est écrit : « Je t’ôterai le goût des choses sensées et profondes, et tes philosophes seront réduits à faire des charades. »
Pour la traiter avec mépris
Il faudrait être la seconde,
Et mon ensemble a quelque prix.
De ma première on fait un cas extrême,
Vous l’avez souvent à la main :
Ma seconde est en vous, ma seconde est vous-même,
Et mon tout partagé formerait votre sein.
Si l’on s’en tient au lot de ma dernière,
Il faut s’attendre à des jaloux ;
Mais, au défaut de la première,
L’esprit languit dans la poussière,
Et la beauté se fane sans époux.
Utile en paix, utile en guerre,
Désir et poison des humains,
Un insensé me tira de la terre ;
Je corrompis son cœur et je souillai ses mains :
Voilà ma syllabe première.
Ma seconde habite les cieux,
Voltige autour de vous, se montre dans vos yeux ;
C’est un pur esprit de lumière.