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est soumise à des règles grammaticales. Il parle aussi des lumières qu’il a tirées de la connaissance de cet idiome, et des conseils des hommes éclairés qu’il a consultés.

La troisième pièce est un discours des éditeurs chinois et tartares, dans lequel, après un éloge étendu du poëme, ils se prosternent humblement et se soumettent aux ordres de l’empereur, en attestant qu’ils ont été ses copistes et ses réviseurs.

La quatrième est un édit de l’empereur où l’on rend compte des soins qu’on a pris pour compléter les alphabets des Tartares Mantchoux, et des ordres que Kien-Long a donnés pour que son poëme fût incessamment révisé, copié et publié en autant d’alphabets tartares qu’il y a d’alphabets chinois, afin que la postérité jouît, sous un même point de vue, de tous ces différents alphabets rassemblés et mis en parallèle avec les caractères de la langue chinoise.

La cinquième pièce est une préface de Kien-Long, dont voici l’extrait à ma manière. C’est l’empereur qui parle : « Si l’homme conforme sa volonté à celle de ses père et mère, la paix sera dans sa famille. Si le prince conforme sa volonté à celle de ses ancêtres, la paix sera dans l’empire. Si les souverains conforment leur volonté à celle du ciel et de la terre, la paix sera dans l’univers, et l’abondance avec elle. C’est la seconde de ces maximes que j’ai prise pour le sujet de ma méditation ; et j’ai conçu qu’un retour assidu sur moi-même, mon respect constant pour le ciel, une intime union avec mes frères, un amour sans bornes pour les peuples qui me sont soumis, étaient les seuls moyens d’obtenir la félicité de ma famille, celle de l’empire et la mienne.

« Confucius a dit : « Connais les cérémonies. Si tu en pénètres le sens, tu gouverneras un royaume avec la même facilité que tu regardes dans ta main. » C’est ainsi que le sage a dit ; mais entre ces cérémonies, celle dont il importe surtout de pénétrer le sens, ce sont les sacrifices pour les ancêtres. Les empereurs de la dynastie de Han les instituèrent ; nous leur devons encore les monuments qui ont conservé sous nos yeux les autres usages de la vénérable antiquité. C’est dans ce qu’ils nous ont transmis des contrées qui les ont vus naître, et où ils ont commencé à donner des lois, que j’ai reconnu la ville où mes aïeux ont jeté les premiers fondements de leur grandeur :