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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

dans toutes les choses d’agrément, avec le nom des artistes chez lesquels on les trouve. Il y joindra le titre des livres de pur amusement, et même l’ariette courante ; mais ces deux derniers articles ne seront que hors-d’œuvre pour délasser de matières plus importantes. M. Dulac, parfumeur, rue Saint-Honoré ; M. Lesprit, pour la coupe des cheveux, rue Saint-Thomas-du-Louvre ; M. Frédéric, coiffeur de dames ; Mme Buffault, aux Traits galants ; Mlle Alexandrine, rue de la Monnaie, voilà les grands noms qui vont briller dans les fastes immortels du Courrier de la mode, et faire taire les envieux de notre gloire qui voudraient persuader à l’Europe qu’il n’y a plus de génies créateurs en France. Si l’auteur, qui a la modestie de ne pas se nommer, veut encore, comme il le doit, avoir soin d’employer avec précision et exactitude la véritable nomenclature de chaque chiffon, nous aurons à la fin de l’année un dictionnaire des modes des plus curieux, et un monument éternel de la richesse de la langue française. Les derniers bonnets des dames étaient, si je ne me trompe, des bonnets à la débâcle, à cause de la débâcle de la Seine de l’hiver dernier. Mais il y a eu depuis cette époque, peut-être, nombre de découvertes importantes et nouvelles que je suis assez malheureux pour ignorer encore. La lecture du Courrier de la mode me tiendra désormais au courant de cette science également profonde et agréable. La souscription pour ce journal n’est que de trois livres par an ; mais quand on pense à combien de millions d’âmes en Europe et en Amérique ce journal est indispensablement nécessaire, on prévoit que, moyennant un petit privilège exclusif pour les deux hémisphères, le profit de l’auteur sera immense, sans compter les présents que les marchandes de modes feront à madame son épouse, s’il en a une, comme je l’espère. Mais je crains toujours qu’un génie, ennemi de notre instruction et de notre gloire ne s’oppose à une entreprise si utile et n’étouffe ce projet dans son berceau : le premier journal du Courrier de la mode devait paraître au commencement d’avril ; et voilà le mois qui avance sans que le Courrier ait fait claquer son fouet.

— On vient de publier une brochure intitulée Lettres de milady Worthley Montague, écrites pendant ses voyages en diverses parties du monde, traduites de l’anglais ; troisième partie, pour servir de supplément aux deux premières ; volume