Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.
CHANSON
à l’occasion des nouvelles lanternes de paris.
Air des Pendus.

Or, écoutez, petits et grands,
L’histoire d’un événement
Qui va pour jamais être utile
À Paris notre bonne ville :
Nous, nos neveux, en jouirons ;
Les étrangers admireront.

Jadis, vingt verres joints au plomb
Environnaient un lumignon
Qui, languissant dans sa lanterne,
Rendait une lumière terne :
Cela satisfit nos aïeux ;
C’est qu’ils ne connaissaient pas mieux.

Parut un monsieur Rabiqueau,
Lequel, en creusant son cerveau,
Parvint, par l’art du réverbère,
À renvoyer une lumière
À laquelle de deux cents pas
On lisait dans les Colombats[1].

De police un ministre actif,
À tout bon avis attentif,
D’après cela forme en sa tête
Son projet, et fait force enquête,
Force essais pour trouver le bon
De la moins coûteuse façon.

Enfin il le trouve à souhait ;
Mais, après tout son calcul fait
De l’argent et de la dépense,
Calcul qu’exigeait sa prudence,
Il voit qu’il lui faudra douze ans ;
Pour des Français c’est bien longtemps.

Sûr que cet établissement
Aux Parisiens paraît charmant,

  1. Petits almanachs ainsi nommés du nom du libraire. (Grimm.)