Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
FÉVRIER 1768.

morables de l’histoire ancienne et moderne. Deux gros volumes in-8° chacun d’environ sept cent cinquante pages. Le premier renferme l’histoire ancienne, le second l’histoire moderne. Lacombe a l’avantage sur Vincent d’être auteur et libraire à la fois, et de publier ses propres compilations. Ainsi il gagne sur l’autre le salaire du manœuvre de la communauté des sangsues.

— On a traduit de l’anglais un ouvrage composé par M. Holwell et intitulé Événements historiques et intéressants relatifs aux provinces de Bengale et à l’empire de l’Indostan. On y a joint la mythologie, la cosmogonie, les fêtes et les jeûnes des Gentous, qui suivent le Shastah, et une dissertation sur la métempsycose. Deux parties, grand in-8°, chacune d’environ deux cents pages. M. Holwell a passé trente années de sa vie dans le Bengale, et il y a employé ses heures de loisir à étudier l’histoire, les mœurs, le gouvernement, la religion des peuples de l’Inde. Il avait ramassé un grand nombre de matériaux, et entre autres plusieurs manuscrits gentous très-curieux ; mais il perdit tous ses trésors à la prise de Calcutta en 1756. Cette perte est irréparable. Les débris que l’auteur en a pu retirer sont renfermés dans l’ouvrage qu’on vient de traduire. La première partie contient l’histoire des principales révolutions arrivées dans le Bengale et dans l’Indostan depuis la mort d’Aureng-Zeb, c’est-à-dire depuis 1707 jusqu’en 1750 de notre ère. Si vous voulez voir la fureur de régner, la soif des richesses, la trahison, la perfidie réduites en systèmes et en maximes du gouvernement avec les résultats et les mœurs qu’elles produisent, vous étudierez cette histoire à fond, et vous trouverez quelles sont les lois fondamentales d’un peuple où le souverain a pour principe de s’abandonner sans réserve à toutes les passions. La lecture de la seconde partie vous intéressera d’une manière plus satisfaisante. L’auteur y traite de la religion, des dogmes et de la mythologie des gentous ou des naturels de l’Inde, qui vivent aujourd’hui sous le gouvernement mahométan, et qui suivent le culte de Brahma sous la conduite des brahmines. La simple exposition de leurs opinions religieuses et de leur théologie, tirée du Shastah ou de leur Bible, suffit pour convaincre tout homme sensé que les Égyptiens, les Juifs, les Grecs, les Romains, et par la succession des temps les chrétiens, ont tiré leurs idées théologiques et leurs rêveries mythologiques de l’Inde. La fable