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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

posture à son comble, mérite d’être mené, non pas dans une maison publique, mais dans la place publique.

« C’est à ces indignes excès que l’esprit de parti, le pédantisme et la jalousie conduisent. Si tous ces faiseurs de libelles savaient combien ils sont méprisables et méprisés, ils se garderaient bien d’exercer un métier aussi infâme.

« Voilà tout ce que mon maître m’ordonne de répondre. »

« Signé : Valentin. »



FÉVRIER.
1er février 1768.

On a donné, le 25 du mois passé, sur le théâtre de la Comédie-Française, une petite pièce en vers et en un acte, intitulée les Fausses Infidélités, qui a eu un très-grand succès. L’auteur, M. Barthe, est un jeune homme, fils d’un négociant de Marseille, connu par des poésies fugitives et une petite comédie intitulée l’Amateur, qui a eu quelques représentations et qui ne valait pas grand’chose. La comédie des Fausses Infidélités est très-supérieure à tout ce que M. Barthe a fait jusqu’à présent.

Cette pièce est, en général, écrite avec facilité et d’un bon ton ; c’est une très-jolie petite pièce française. Elle n’a pas beaucoup de fond ni de vérité ; mais ce n’est pas de quoi il s’agit, et la critique aurait fort mauvaise grâce de s’appesantir sur un ouvrage de cette espèce avec beaucoup de sévérité. Il plaît, il amuse : il est donc parfait. La scène où les deux cousines écrivent leurs billets est un peu longue et pas assez piquante ; aussi a-t-elle pensé faire tomber la pièce. Mais c’était la faute de Dorimène-Préville et d’Angélique-d’Oligny, qui ont joué toutes les deux fort médiocrement à la première représentation : je ne sais si elles ont mieux fait depuis. En général, Mme Préville joue avec finesse, mais sans grâce, et avec une grande sécheresse. Quel parti Mlle Dangeville aurait tiré du rôle