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JANVIER 1768.

lettre que M. de Voltaire a fait écrire par son laquais, en ces termes :


la défense de mon maître.
« 15 décembre 1767.

« Mon maître, outre plusieurs lettres anonymes, a reçu deux lettres outrageantes et calomnieuses, signées Cogé, licencié en théologie, et professeur de rhétorique au collège Mazarin. Mon maître, âgé de soixante et quatorze ans, et achevant ses jours dans la plus profonde retraite, ne savait pas, il y a quelques mois, s’il y avait un tel homme au monde. Il peut être licencié, et ses procédés sont assurément d’une grande licence. Il écrit des injures à mon maître ; il dit que mon maître est l’auteur d’une Honnêteté théologique. Mon maître sait quelles malhonnêtetés théologiques on a faites à M. Marmontel, qui est son ami depuis vingt ans ; mais il n’a jamais fait d’Honnêteté théologique, il ne conçoit pas même comment ces deux mots peuvent se trouver ensemble. Quiconque dit que mon maître a fait une pareille honnêteté est un malhonnête homme, et en a menti. On est accoutumé à de pareilles impostures. Mon maître n’a pas même lu cet ouvrage, et n’en a jamais entendu parler. Il a lu Bélisaire, et il l’a admiré avec toute l’Europe. Il a lu les plats libelles du sieur Cogé contre Bélisaire, et, ne sachant pas de qui ils étaient, il a écrit à M. Marmontel qu’ils ne pouvaient être que d’un maraud. Si l’on a imprimé à Paris la lettre de mon maître, si on y a mis le nom de Cogé, on a eu tort ; mais le sieur Cogé a eu cent fois plus de tort d’oser insulter M. Marmontel, dont il n’est pas digne de lire les ouvrages. Un régent de collége qui fait des libelles mérite d’être enfermé dans une maison qui ne s’appelle pas collége[1].

« Un régent de collége qui, dans ce libelle, compromet M. le président Hénault et M. Capperonnier, qui reçoit un démenti public de ces deux messieurs, qui ose profaner le nom du roi et le faire parler, qui pousse ainsi l’impudence et l’im-

  1. Nous publions pour la première fois les trois paragraphes qui suivent et qui manquent dans toutes les éditions de Voltaire.