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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

théâtre ; c’est le poëte qui fait un opéra bouffon qui doit être fou, et non pas ses personnages. Voulez-vous savoir ce que c’est qu’une folie ? Chantez-moi les couplets que voici :

Notre curé, maître Garnier,
Dit à la femme du meunier :
Éloignez-vous du presbytère.
Lairela, lairelanlaire.
Lairela, Lairela,
LairelaLairelanla.

Car si je vous y vois rentrer,
Je pourrais vous administrer
Le sacrement de l’adultère.
Lairela, lairelanlaire,
Lairela, Lairela,
Lairela, Lairelanla.

Vous me répondez que c’est vous qui avez fait ces couplets. Je le sais. Eh bien, monsieur Collé, voilà ce qui s’appelle des folies, et vos folies de l’Île sonnante s’appellent, en français pur, des bêtises or être bête et être comique sont deux choses fort différentes.

La musique de l’Île sonnante a paru agréable en beaucoup d’endroits ; mais elle n’a pu faire réussir la pièce. La musique n’est pas faite pour faire parler des fous, encore moins des fous plats qui ne sentent rien et n’expriment rien.

Pour revenir à M. Collé, il a repris le projet, qu’il paraissait avoir abandonné, de faire imprimer toutes ses pièces sous le titre de Théâtre de société. Pour former le premier volume nous avions déjà le Rossignol, la Veuve, la Partie de chasse de Henri IV, les Adieux de la Parade, le Galant Escroc ; pour le compléter, l’auteur vient de publier le Bouquet de Thalie, prologue qui a été composé pour être joué sur le théâtre de Bagnolet avant la Partie de chasse de Henri IV, et Tanzaï, tragi-comédie en vers et en un acte, précédée de la Lecture, prologue en prose. Le Bouquet de Thalie a été fait à l’honneur et pour la fête de Mlle Marquise, qui jouait, il y a quelques années, les principaux rôles de comédie sur le théâtre particulier de M. le duc d’Orléans à Bagnolet. C’est encore une satire de la tragédie, de la comédie larmoyante et de l’opéra-comique