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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

qui seraient plus utiles en cultivant un seul arpent de terre qu’en écrivant cent volumes. Celui-ci tient pour l’impôt unique assis sur les terres.

M. Lacombe n’est pas le seul homme de lettres que nous ayons dans l’ordre des libraires ; M. Panckoucke s’en mêle aussi, et même plus sérieusement que son confrère. Il vient de publier une Traduction libre de Lucrèce en deux volumes, à la tête desquels on lit un discours préliminaire de soixante-dix pages. Si Lucrèce pouvait revenir et entendre le français, je crois qu’il trouverait en effet que M. Panckoucke a pris de grandes libertés dans la traduction qu’il a faite de son poëme ; il trouverait aussi que son maître Épicure était bien plus grand philosophe que notre cardinal de Polignac, si aimable et si à la mode de son temps ; et quelque modestie qu’il eût, il ne troquerait pas un vers de son poëme contre ce pauvre Anti-Lucrèce si prôné et cependant si parfaitement oublié aujourd’hui. L’invocation à Vénus fera le charme et les délices des gens délicats et sensibles, aussi longtemps qu’il y aura une étincelle de goût sur la terre, et c’est précisément aussi pourquoi aucun morceau de l’Anti-Lucrèce ne jouira de cette gloire, malgré les éloges qui lui ont été prodigués.

M. Furgault, professeur de belles-lettres au collège Mazarin, vient de publier un Nouveau Recueil historique d’antiquités grecques et romaines en forme de dictionnaire. Volume in-8° de sept cents pages. Compilation formée d’après d’autres compilations. Il se peut que ces sortes de recueils soient commodes pour les gens du monde qui veulent tout savoir sans avoir rien appris, mais ils sont plus sûrement encore le tombeau de la véritable science.


BATTUE GÉNÉRALE DE ROMANS
faiseurs de romans et autres vermines.

Les mois de novembre et décembre sont la saison de l’année où cette vermine se multiplie avec le plus de force et de vitesse. C’est le contraire des autres insectes, qui meurent à l’entrée de l’hiver. Ici, si vous ne mettez pas le feu sans miséricorde, vous courez risque d’en être importuné pendant tout l’hiver.