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JANVIER 1768.

de la permission qu’on lui a accordée de s’empoisonner avec les principes de M. ***. M. le marquis de Puységur est aussi un peu entiché des principes de MM. les économistes ruraux, qui sont faits pour réussir, même par leur creux, auprès d’un certain ordre de gens à qui on pourrait disputer ce que M. de Puységur dispute au clergé, s’ils en avaient par hasard la prétention. Au reste, c’est une belle chose que la justice. Si un de nos philosophes s’était avisé d’écrire une ligne de cette discussion intéressante, elle aurait eu sans doute plus de vogue ; mais bien loin d’être tolérée, je suis persuadé que l’auteur aurait joué gros jeu et risqué une persécution violente de la part du clergé, dont Dieu veuille préserver M. de Puységur et tout honnête penseur !

M. Dumas, qui se dit professeur d’éloquence à Toulouse, vient de traduire du grec deux morceaux de Xénophon, précieux comme tout ce qui est sorti de la plume de ce grand homme. Ces deux morceaux ont encore l’avantage de traiter des objets qui occupent aujourd’hui le plus l’attention du public : l’économie politique et la science de la finance. Ils sont connus sous le nom de l’Économique et du Projet de finance de Xénophon. Le traducteur y a ajouté quelques notes. Il veut que ce volume serve de commencement à la collection des auteurs anciens qui ont traité de l’administration publique ou domestique. Indépendamment du plaisir qu’il y a à lire sur ces objets intéressants les idées des grands hommes de l’antiquité, idées relatives à un ordre de choses tout différent, on a encore l’avantage de trouver dans ces écrits une instruction, un jugement, une solidité qu’on chercherait en vain dans nos auteurs modernes. C’est que, génie à part, il est impossible qu’il n’y ait une grande différence entre Xénophon, qui avait vieilli dans les affaires de l’État, et qui avait commandé cette retraite des Dix-Mille, le chef-d’œuvre du courage et de la prudence militaires, et le docteur Quesnay, qui n’a vieilli que dans l’emploi de saigner et de purger.

— J’ai aussi le malheur de trouver plus d’instruction dans Xénophon que dans le citoyen qui vient d’adresser des Lettres à un magistrat sur les vingtièmes et les autres impôts. Volume in-12 de deux cent trente-quatre pages. Il est impossible de ne pas regarder la plupart de ces citoyens comme des bavards oisifs