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NOVEMBRE 1768.

efforts, il ne lui avait pas été possible de se faire à la musique et au chant français.

M. Fenouillot de Falbaire a adressé au roi de Danemark les vers que vous allez lire, en lui présentant sa comédie intitulée l’Honnête Criminel :

Non dePrince qui sur les pas de Pierre,
Non de celui qu’on croit portier du paradis,
PouMais du héros que Pétersbourg révère,
Pour rendre heureux le tien viens voir d’autres pays :
L’autre jour, à ta suite, une foule empressée
Non deParmi les grands qui t’escortaient,
Non deLes cordons bleus qui t’entouraient,
Pour ne pas se méprendre était embarrassée.
NonOn vit alors voltiger près de toi
Du malheureux Sirven l’ombre toujours errante,
Qui nous montrait les dons de ta main bienfaisante,
Non deEt nous criait : Voilà le roi !
Non deOui, prince, cette auguste marque,
Mieux que tous les cordons, fait connaître un monarque.
S’il est fêté partout, il est sûr que le cœur
Aux honneurs qu’on lui rend met un prix bien flatteur ;
NonEt, comme toi généreux et sensible,
NonL’incognito lui devient impossible.
Permets donc que du Pinde un nouvel habitant,
À sa façon aussi curieux de te plaire,
De l’amour filial t’offre un tableau touchant.
Non deParcours cette esquisse légère ;
Ce qu’elle t’apprendra n’est pas indifférent :
En voyant à quel point on peut chérir un père,
Non deTu sauras justement combien
La France aime son maître, et ton peuple le sien.

C’est-à-dire jusqu’à aller pour lui aux galères. C’est l’histoire du monde et c’est le sort de tous les peuples de ramer pour le compte des autres ; ils seraient bien heureux de ne ramer que pour le compte de leur souverain. Notez, au surplus, que Sirven n’est pas fort heureux sans doute ; mais qu’il n’est pas ombre, attendu qu’il est en pleine vie en Suisse.

L’hommage qu’un autre de nos poëtes, M. Barthe, a rendu au roi de Danemark, est plus concis que celui de M. de Falbaire. Sa Majesté assistant, tout au commencement de son séjour à Paris, à une représentation des Fausses Infidélités, M. Barthe,