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JUIN 1768.

intitulée le Président de Thou justifié contre les calomnies de M. de Bury. Dans cette feuille, M. de Voltaire reproche à Bury d’avoir voulu noircir sans preuves la mémoire de la reine Marie de Médicis ; il a depuis fait le même reproche à l’abbé Bergier dans les Conseils raisonnables. L’auteur de l’Examen, au contraire, attaque avec beaucoup de force la mémoire de cette princesse, trop suspecte dans le fond pour être aisément justifiée. Mais cette diversité de sentiment pourrait encore être un tour d’adresse.

On sait qu’en général le patriarche de Ferney n’est rien moins que favorable aux prétentions parlementaires ; et l’auteur de l’Examen rapporte un passage de l’Instruction des députés des États de Blois de 1577, où il est dit que les cours des parlements sont des états généraux au petit pied. L’auteur observe avec raison qu’il est bien singulier que les parlements ne se soient jamais fait un titre et une loi fondamentale de ce passage.

L’auteur de l’Examen reproche à Bury d’avoir dit, en parlant de Henri IV et du duc de Parme, ces deux princes ; il ajoute que c’est comme si l’on disait ces deux princes, en parlant de Louis XV et de M. le prince de Beauvau. Le reproche de manque de bienséance fait à Bury est fondé, mais l’application de l’exemple n’est pas juste ; il y a de la différence entre un duc de Parme, qui est réellement prince, et un homme de qualité qui n’en a que le titre ; M. de Voltaire sait cela aussi bien qu’un autre. Ceci n’est qu’une minutie, mais cette minutie est peut-être une des raisons les plus fortes pour faire douter que cette brochure vienne de Ferney.

L’auteur de l’Examen finit sa brochure en proposant, pour le progrès de l’histoire, l’établissement d’une société, sous le titre d’Académie d’histoire de la patrie. Voilà encore une pédanterie qui ne ressemble guère à M. de Voltaire. Une académie royale d’histoire de la patrie servirait tout juste autant au progrès de l’histoire que nos sociétés royales d’agriculture à l’abondance et à l’augmentation des récoltes. Toutes ces sociétés et ces académies, multipliées à l’excès par toute l’Europe, ne sont bonnes qu’à amuser des enfants à qui leur oisiveté est à charge.

Bury n’ayant rien à nous apprendre sur l’éducation de son