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tion du Poussin, mais c’est le sentiment de ce grand maître qu’on croit retrouver dans cet ouvrage, dans la touche comme dans la manière de sentir et de concevoir.

Parmi les morceaux de sculpture exposés cette année, on a remarqué un grand nombre de bustes parfaitement ressemblants, et dans ce genre il n’y a guère que l’envie ou l’injustice d’une prévention personnelle qui puisse contester la supériorité de M. Houdon. On reproche à quelques-uns de ses portraits une exécution froide et maigre, mais était-il au pouvoir de son talent de donner à la figure pointue de M. Jefferson, à la tête pauvre et mesquine de feu M. Dupaty l’intérêt et la grâce qui distinguent celle de Mlle Olivier[1] ?




1790[2].

JANVIER.

Le Paysan magistrat, ou l’Alcade de Zalaméa, drame en cinq actes, en prose, représenté pour la première fois, le


  1. Le manuscrit de l’Arsenal a été déchiré à cet endroit et le compte rendu se termine par deux lignes inachevées sur le buste de Boufflers. Malgré tous nos efforts et le bienveillant concours de M. J. Grot, qui a collationné pour nous le manuscrit des Archives de l’État, à Moscou, il a été impossible de combler cette lacune.
  2. L’année 1790 n’existe pas plus que la précédente dans le manuscrit de Gotha, et celui de l’Arsenal renferme seulement deux ou trois fragments qui paraissent s’y rapporter : extraits des Actes des Apôtres, petits vers, comptes rendus de Barnevelt, de Jeanne Gray et du ballet de Psyché, le tout mutilé au début et à la fin. Le seul morceau important est une lettre de Garat à un de ses amis sur la Fédération : encore est-elle empruntée au Journal de Paris ; mais Meister y a ajouté des notes qui la complètent, et nous l’avons reproduite en tête du mois de juillet. Les absences du rédacteur principal de la Correspondance devenaient de plus en plus fréquentes et la collation du texte sur un manuscrit nous eût peut-être fourni la preuve de collaborations ignorées : Meister avait, en effet, passé à Londres plusieurs mois de 1789 ; la Préface de ses Premiers Principes appliqués à la révolution présente est datée de Nice, 28 avril 1790, et nous le retrouverons de nouveau à Londres en 1792. Ne pouvant tenir sa clientèle au courant des nouveautés il lui envoyait la majeure partie des lettres publiées depuis par lui sous le titre de Souvenirs de mes voyages en Angleterre, et il recopiait à son usage deux contes de Catherine II, dont l’un, le Czarewitz Chlore, avait été imprimé dès 1782. Voir au surplus les notes bibliographiques qui accompagnent chacun de ces emprunts.