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OCTOBRE.

SALON DE 1789.

Nous avons vu peu d’expositions de tableaux aussi belles, aussi riches que celle de cette année et il n’en est point sur laquelle il ait paru si peu de critiques ou raisonnables ou piquantes. Nous nous bornerons à l’indication des objets que nous avons jugés les plus dignes d’intéresser votre attention. On a enfin obtenu cette année que le salon fût éclairé d’en haut. Les avantages qui en résultent sont sensibles. Ils le seraient davantage encore si l’on eût employé tous les moyens qui pouvaient procurer une lumière plus également répandue ; le jour étant trop resserré, il jette sur plusieurs tableaux une espèce de crêpe qui en diminue l’effet.

L’Amour fuyant l’esclavage, par M. Vien. L’idée en est ingénieuse, Anacréon ne l’eût pas désavouée. Il y a de la grâce dans la composition, l’ensemble est d’une grande fraîcheur et l’effet harmonieux. La cage d’où s’est échappé l’Amour ressemble fort au modèle d’un temple ; est-ce un mérite ? est-ce un défaut ? Quelque petit que soit l’Amour qui s’envole, ne paraît-il pas un peu lourd pour un dieu naturellement si léger ? Je suis tenté de préférer à ce premier tableau celui qui représente une Mère faisant porter par son fils et sa fille des offrandes sur l’autel de Minerve. Il y règne, ce me semble, une simplicité plus douce et plus touchante ; mais si le sujet me plaît davantage, je conviendrai que les détails en sont peut-être moins heureux. La jeune fille n’est pas aussi intéressante que son frère, elle n’a pas toute la grâce, toute la simplesse qui charment à cet âge. Le profil de la figure de la mère est un peu raide. On reconnaît toujours dans ces deux tableaux ce goût sage et pur qui n’appartient qu’à l’étude de l’antique.

    n’aurait tracé que le portrait de Necker sous le nom de Narsès et le sien sous celui d’Iramba ; Rivarol se serait peint sous le nom de Cnéis. » — M. Poulet-Malassis, qui avait fait une étude attentive des écrits de Rivarol, s’inscrivait en faux contre cette collaboration, et ne reconnaissait pas davantage la manière ou les traits du pamphlétaire dans le portrait signalé par Barbier.