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fices qu’il fit pour son compte dans l’année 1778 se montèrent à 825,600 livres. S’il faut l’en croire, en 1779, Plymouth était vendu au ministère français, et rien n’eût été plus facile à M. d’Orvilliers que de s’en rendre maître sans coup férir. Il résulte de ces Mémoires justificatifs que toutes les intrigues tissues par M. de Paradès, toute son habileté, toute sa prudence et deux ou trois millions qu’il fit dépenser au gouvernement, ne produisirent en effet aucun avantage à la France, mais il soutient que ce n’est pas sa faute. C’est donc celle des ministres qui l’employèrent. À la bonne heure !

On lit dans l’avertissement que c’est d’après la lecture de ces Mémoires que M. le maréchal de Castries, alors ministre de la marine, rendit la liberté au comte de Paradès, et fit acquitter le reliquat de ses comptes.

La Galerie des états généraux. Deux volumes in-8o, avec cette épigraphe :


Tros Rutulusve fuat, nullo discrimine habebo.

(Virg.)

C’est une suite de portraits ; et en conséquence de l’épigraphe, il n’y a que M. le comte de Mirabeau et deux ou trois de ses amis qui soient loués sans mesure ; presque tous les autres sont égratignés ou déchirés avec plus ou moins de haine et d’adresse. Il faut avouer cependant que, quoique écrit avec beaucoup d’inégalité, c’est l’ouvrage d’un homme de talent et d’esprit, d’un homme du monde qui connaît même en général assez bien toutes les personnes dont le caractère a pu tenter sa malignité. On l’a d’abord attribué à MM. de Champcenetz et de Rivarol, ensuite à M. le marquis de Luchet. Des gens mieux instruits ont cru y reconnaître la manière de M. Sénac de Meilhan, l’auteur des Mémoires de la Princesse palatine, des Considérations sur les mœurs, etc.[1].

  1. Barbier, dans son Dictionnaire des anonymes, attribue cet ouvrage à Rivarol, Mirabeau, Choderlos de La Calos et au marquis de Luchet. Il ajoute : « Cet ouvrage a été distingué de la foule des brochures qui ont paru en 1789 et 1790 ; les portraits qu’il contient sont en général tracés avec autant de talent que d’impartialité. Suivant l’auteur de la brochure intitulée le Comte de Mirabeau dévoilé, ouvrage posthume trouvé dans les papiers d’un de ses amis qui le connaissait bien, 1789, in-8o, Rivarol aurait eu la plus grande part à cette galerie ; Mirabeau