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adaptée au genre et au ton du poëme que celle des Trois Déesses rivales du même auteur.

De l’Autorité de Montesquieu dans la révolution présente. Brochure in-8, avec cette épigraphe tirée de la Vie d’Agricola par Tacite : Vir magnus quantum licebat. (Par M. Grouvelle, secrétaire des commandements de Monseigneur le prince de Condé, l’auteur de l’Épreuve délicate, comédie en trois actes, d’une Ode sur la mort du prince Léopold de Brunswick, etc.)

L’objet de cet ouvrage est de discuter le système de Montesquieu sur la constitution française. L’auteur commence par rendre à ce grand homme l’hommage dû à son génie. « Montesquieu, dit-il, trouva l’étude des lois au même point où Descartes avait trouvé toute la philosophie ; il osa comme lui oublier tous ses maîtres, et percer de nouvelles avenues vers la vérité… Son influence sur l’esprit humain sera aussi durable que son influence sur l’esprit de son siècle fut rapide ; sa méthode fit l’éducation de tous ses successeurs… Il est donc vrai, et c’est sa plus grande gloire, que Montesquieu est la cause première des changements heureux qui sont promis à la France ; mais, par une contradiction singulière, son génie lutte aujourd’hui contre lui-même, et paraît suspendre la révolution qu’il a préparée… »

Pour développer ces idées, l’auteur compare d’abord Montesquieu avec l’esprit dominant à l’époque à laquelle il écrivit, ensuite avec les philosophes qui l’avaient précédé dans la même carrière. Après ce parallèle tracé fort rapidement, M. Grouvelle se permet de discuter avec beaucoup de liberté les premières bases du système de l’Esprit des lois ; il trouve fausse la distinction de la monarchie et du despotisme, il observe très-bien que, sous le nom de monarchie, Montesquieu n’eut presque jamais que la France en vue, qu’en conséquence il s’attache à charger les nuances qui distinguent la monarchie du despotisme ; mais il ne saurait concevoir comment, après avoir montré dans la France le modèle des monarchies, il peut placer le gouvernement d’Angleterre au nombre des gouvernements monarchiques… « Tel est, ajoute-t-il, l’esprit général de ce grand ouvrage : il présente des résultats divers, suivant les différents points de vue d’où il est observé. Une prudence craintive, en éteignant l’éclat des vérités, altère leurs véritables traits. Une modération scrupuleuse, en voulant corriger, adoucir, ébranle, atténue. Une sorte